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Europe : « Notre débat public doit sortir d’une forme de schizophrénie vis-à-vis du grand marché européen »

Pour les quatre signataires de cette tribune au « Monde », plutôt que de rivaliser d’europhobie, les politiques devraient reconnaître ce que le marché commun a apporté à nos entreprises, à nos emplois et à notre niveau de vie.

Publié le 24 mars 2017 à 11h46, modifié le 24 mars 2017 à 11h46 Temps de Lecture 4 min.

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Le 25 mars 1957, au Capitole, à Rome, les ministres des « six » signent les traités instituant la Communauté Economique Européenne (CEE) et la Communauté Européenne de l’Energie atomique (EURATOM)

[La signature du traité de Rome, le 25 mars 1957, a été l’amorce de la construction européenne. Mais aussi le début d’un grand malentendu. Trois tribunes, signées André Grjebine, Jean-Claude Trichet et par un collectif regroupant Yves Bertoncini, Thierry Chopin, Anne Macey et Denis Simonneau, reviennent sur soixante ans de débat européen].

TRIBUNE. Disons-le tout net : la défiance hexagonale pour le traité de Rome découle d’abord de notre aversion culturelle pour l’économie libérale et du fait que le « marché commun » n’est pas perçu comme un projet français. « On n’a pas fait l’Europe pour faire un grand marché » est un slogan entonné par la plupart de nos responsables politiques et de nos compatriotes.

Pour nous, Français, il s’est toujours agi de privilégier l’Europe politique, afin de nous réconcilier avec l’Allemagne, puis de construire une Europe puissance. Notre rejet du projet de Communauté européenne de défense en 1954 a cependant conduit les pays du Benelux à proposer leur propre voie, avec le soutien de l’Italie et de l’Allemagne : celle de l’intégration commerciale, lancée à Rome et progressivement mise en place au cours des décennies suivantes, avec une accélération marquée à l’horizon 1992 grâce à Jacques Delors.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés André Grjebine : « Comment sortir du tout ou rien ? »

Voilà soixante ans que notre pays semble avoir accepté bon gré mal gré ce mouvement de libéralisation, mais à la seule condition qu’il soit accompagné de politiques compensatoires ou correctrices. Ainsi de la politique agricole commune (PAC), mise en place sous l’impulsion d’un général de Gaulle d’abord opposé à la signature du traité de Rome.

Quête constante

La quête constante d’une Europe sociale et fiscale est aussi la traduction de cette recherche permanente de compensations, de même que la promotion d’une politique industrielle à l’échelle européenne. Que de telles avancées soient souhaitables ne doit pas occulter le fait que l’Europe s’incarne d’abord dans un grand marché et que trop peu en France sont enclins à assumer cette réalité, avec ses avantages et ses inconvénients.

Tout se passe en outre en France comme si la lune européenne n’avait qu’une face sombre, puisque seules les victimes du marché européen sont au cœur de notre débat public. Ainsi de la chronique récurrente des délocalisations vers d’autres pays de l’Union, qui frappent des salariés qu’il faut massivement indemniser, former et reclasser. Ainsi de la dénonciation du détachement des travailleurs, non pas seulement pour combattre les fraudes inadmissibles auxquelles il donne lieu, mais pour en récuser le principe. Ainsi encore du pilonnage systématique des normes et standards adoptés pour permettre la libre circulation des produits (évoquer la courbure des concombres garantit un succès d’estrade, alors qu’il n’y a plus de normes européennes en la matière…).

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