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ROYAUME-UNI

Le "no deal", issue la plus probable au casse-tête du Brexit

Les députés britanniques ont voté contre l'idée d'un Brexit sans accord tout en exigeant de May qu'elle continue les négociations avec l'UE qui refuse. Selon plusieurs experts, le scénario d'un "no deal" devient de plus en plus probable.

Le Parlement britannique veut éviter un Brexit sans accord mais les députés ne semblent pas prêts à faire de compromis
Le Parlement britannique veut éviter un Brexit sans accord mais les députés ne semblent pas prêts à faire de compromis Justin Tallis, AFP
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Le Parlement britannique est dans une impasse. Faute d'accord sur la sortie de l'Union européenne – scénario surnommé le "no deal", les conséquences pourraient être désastreuses pour la 5e économie mondiale. Les analystes annoncent déjà des pénuries de médicaments et de produits alimentaires ainsi qu'une récession de 8 % si un tel évènement venait à se produire.

La Chambre des Communes a adopté mardi 29 janvier une motion non-contraignante pour marquer symboliquement son opposition à ce scénario catastrophe. Pourtant, celui-ci devient chaque jour plus probable car les parlementaires ont systématiquement rejeté les amendements qui auraient pu constituer une porte de sortie pour le Royaume-Uni.

"Il n'y a pas de majorité sur une proposition qui permettrait d'éviter le 'no deal'"

Nouvel exemple lors de la session du 29 janvier. Les députés ont successivement voté contre deux amendements qui auraient permis de repousser la date du Brexit, faute d'accord, ou de ménager des scénarios alternatifs tel qu'un second référendum ou un maintien dans le marché commun ou l'union douanière européenne.

"L'hypothèse du 'no deal' est devenu probable", analyse Nicolai von Ondarza, professeur de science politique au German Institute for International and Security Affairs de Berlin et spécialiste de l'Union européenne. "Il y a une majorité symbolique au Parlement britannique contre le 'no deal' mais il n'y a pas de majorité sur une proposition qui permettrait de l'éviter."

"Il n'y a pas d'alternative au 'back-stop' irlandais"

Les négociations entre l'Union européenne, Theresa May et les députés britanniques achoppent sur une clause : celle du "backstop" irlandais. Cette clause est conçue pour maintenir une frontière ouverte entre les deux Irlande en créant un régime spéciale pour Dublin : l'lrlande du nord serait maintenue dans le marché commun et l'union douanière européenne tant que Londres et Bruxelles n'auront pas trouvé de solution définitive. Une fermeture de cette frontière serait contraire aux accords du vendredi saint de 1999 qui avaient permis de mettre fin aux décennies de violences dans la région.

>> À lire aussi : Qu’est-ce que le "backstop", au centre des débats sur le Brexit ?

Cette clause cependant constitue un casus belli pour les conservateurs les plus europhobes ainsi que leurs alliés du DUP irlandais qui forment ensemble la majorité du gouvernement de Theresa May. Lors du vote du 29 janvier, le Parlement a adopté un amendement porté par le député conservateur Graham Brady où il s'engage à accepter l'accord de Brexit, à condition que la clause de "backstop" disparaisse. L'Union européenne refuse catégoriquement cette renégociation.

"La question c'est : pour avoir un accord de sortie, est-ce que les 26 autres pays membres de l'UE seraient prêts – pour le dire crûment – à baiser l'Irlande ?", explique Quentin Peel spécialiste de la politique britannique et européenne à l'Institut Chatham House, . Au vue de cette impasse, "le scénario d'un ‘no deal’ est à 50/60 % probable", estime quant à elle Elvire Fabry, spécialiste du Brexit à l'institut Jacques Delors, un think-thank de réflexion sur l'Europe basé à Paris.

Les partisans d'un Brexit dur chez les Tories dictent leur loi

Theresa May a jusqu'au 13 février pour obtenir un nouvel accord avec l'Union européenne. Au vue de son obstination à supprimer la clause du "backstop", les analystes s'attendent à la voir échouer. Le Parlement britannique devrait de nouveau voter sur le sujet le 14 février.

"Les parlementaires qui n'ont que peu de soutien pour leur vision de Brexit seront obligés de faire des compromis sur leur position. Pour le moment, ces députés sont bloqués sur leur premier choix mais ils devront bien trouver une majorité à un moment", analyse Jill Rutter, directeur de recherche au sein du think-thank Institute for Governement, basé à Londres.

Il est cependant loin d'être acquis que les lignes bougent suffisamment pour éloigner le spectre du "no deal" de la Grande-Bretagne. L'European Research Group, un groupe de 60 conservateurs attaché à la version la plus pure du Brexit, ne montre aucun signe de complaisance envers n'importe lequel des compromis possibles quel que soit sa forme : accord avec "backstop" irlandais, report du Brexit, second référendum…

"Le problème c'est qu'il y a un groupe de Brexiters qui veut la sortie à tout prix", explique Nicolai von Ondarza. "Ils sont ignorants de la manière de fonctionner de l'UE et pourtant on n'entend qu'eux dans les débats internes au parti conservateur."

La Première ministre britannique Theresa May a réaffirmé dimanche sa détermination à mettre en oeuvre le Brexit à la date prévue et à obtenir des concessions de l'UE.  "Quand je retournerai à Bruxelles, je me battrai pour la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord, je serai armée d'un nouveau mandat, d'idées nouvelles et d'une détermination renouvelée pour convenir d'une solution pragmatique qui mette en oeuvre le Brexit", a écrit la dirigeante conservatrice dans une tribune publiée par The Sunday Telegraph.

Adapté de l'article en anglais de Tom Wheeldon

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