Les relations transatlantiques

Les présidents Emmanuel Macron et Donald Trump à Washington, le 24 avril 2018 ©Getty - Chip Somodevilla
Les présidents Emmanuel Macron et Donald Trump à Washington, le 24 avril 2018 ©Getty - Chip Somodevilla
Les présidents Emmanuel Macron et Donald Trump à Washington, le 24 avril 2018 ©Getty - Chip Somodevilla
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Après le retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, en dépit des alliés européens, comment vont évoluer les relations transatlantiques? Le caractère extra-territorial du droit américain découle-t-il de la puissance militaire du pays?

Avec
  • Robert Malley
  • Pascal Lamy Ancien directeur de l’OMC et président du Forum de Paris pour la Paix
  • Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
  • Alexandra de Hoop Scheffer Senior vice-présidente pour les questions géopolitiques au German Marshall Fund of the United States

Autour de Christine Ockrent :

Robert Malley, directeur de l'International Crisis Group, il a travaillé au Conseil de Sécurité Nationale sous le second mandat de Barack Obama.

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Thomas Gomart, historien des relations internationales et directeur de l’ Institut français des relations internationales (IFRI)

Alexandra de Hoop Scheffer, directrice à Paris du think tank américain German Marshall Fund of the United States, spécialiste de la politique étrangère américaine et des relations transatlantiques.

Au téléphone, Pascal Lamy, Président d'honneur de Notre Europe - Institut Jacques Delors, ancien Directeur général de l' Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

**La chronique d' Eric Chol **de Courrier International :

Les conseillers de Trump

Donald Trump a fait le ménage parmi ses conseillers, qui sont les nouveaux à la manoeuvre ?  

Exit ce qu’on a appelé "axe des adultes", c’est à dire ces conseillers qui étaient chargés de veiller sur Trump :  depuis le mois d’avril, ce sont les faucons qui sont à la manœuvre à la Maison Blanche. 

de gauche à droite : John Bolton, Jim Mattis, Mike Pompeo,  et Donald Trump, à la Maison Blanche le 17 mai 2018
de gauche à droite : John Bolton, Jim Mattis, Mike Pompeo, et Donald Trump, à la Maison Blanche le 17 mai 2018
© Getty - Andrew Harrer-Pool

"Appelons ça l’axe des loyalistes, résume Politico ; Trump a voulu reprendre la main et être en capacité de diriger, et non placé sous contrôle."

Mais attention :

"l’équipe au pouvoir, ce ne sont pas les faucons contre les colombes, mais les faucons contre les tarés"

raconte Vanity Fair en reprenant une comparaison déjà utilisée du temps de Georges W. Bush à la maison Blanche.

Et, c’est vrai, des colombes, il n’y en a guère dans l’entourage du président américain. Mike Pompeo, par exemple, le nouveau secrétaire d’Etat, très occupé ces derniers jours à préparer l’hypothétique sommet avec Kim Jong-il, est indubitablement un faucon, qui, selon le journaliste de Vanity Fair, 

"conduit une politique étrangère terrible et pleine d’illusions à travers le monde, mais comparé à John Bolton le nouveau conseiller de Bush, qui lui est un taré, Pompeo est l’âme de la diplomatie".

Manifestations devant la Maison Blanche contre la nomination de John Bolton au poste de Conseiller à la Sécurité Nationale, 9 avril 2018
Manifestations devant la Maison Blanche contre la nomination de John Bolton au poste de Conseiller à la Sécurité Nationale, 9 avril 2018
© Getty - Mark Wilson

Ce ne sont pas les seuls durs de l’administration Trump : on peut y ajouter Robert Lighthizer, représentant au commerce ou Wilbur Ross, ministre du commerce, tous deux partisans du clash avec l’Europe. 

"Un autre président américain aurait sans doute cherché à créer un front transtlantique commun pour exercer plus de pression sur Pékin, estime le _New Yorker__, mais bien-sûr, Trump est un unilatéraliste déclaré et ses conseillers sur les questions commerciales ont également peu confiance dans les institutions multilatérales comme l’OMC ou l’Union européenne"_.

Entre les deux conseillers les plus influents, John Bolton et Mike Pompeo, peut-on parler d’entente ?

Pas vraiment, si l’on en croit Politico, qui estime que les divergences entre les deux hommes pourraient d’ailleurs aboutir à un clash. Pourtant, à première vue, le secrétaire d’Etat et le conseiller à la sécurité nationale se ressemblent comme deux gouttes d'eau, écrit le journal : tous deux sont partisans d’une ligne dure et tous deux sont là pour aider Donald Trump à imposer sa vision et à combattre la bureaucratie.

Mais, poursuit le journaliste, 

"un regard plus attentif à leur passé, leur visions du monde et leurs ambitions laisse entrevoir une prochaine rivalité".

John Bolton, 70 ans, ancien ministre de  George W. Bush au début des années 2000, qui fut ensuite ambassadeur très controversé à l’ONU, a été qualifié en mars par le magazine Foreign Policy de "menace pour la sécurité nationale", tandis que le New-York Times le compare à un "_chalumeau politique__"_.  

John Bolton à la Maison Blanche, le 17 mai 2018
John Bolton à la Maison Blanche, le 17 mai 2018
© Getty - Andrew Harrer-Pool

Avocat de formation, ce néo-con se concentre uniquement sur la loi, et les motifs juridiques pour agir, mais jamais sur la stratégie, analyse Politico : 

"Il ne voit le monde qu’à travers le prisme de ses batailles contre les multilatéralistes et les libéraux dans le domaine des la loi internationale".

En face,  s’il y a une chose qui caractérise Mike Pompeo, écrit Politico, c’est son habileté politique. Ce diplômé d’Harvard et ancien officier de l’armée, a connu une ascension rapide : il est d’abord passé par le monde des affaires avant d’être élu au Congrès en 2010, avec une implantation dans le Kansas, en profitant de la vague du Tea Party. En 2016, il a soutenu Marc Rubio dans les primaires républicaines, mais il a été vite repéré par Donald Trump, qui le choisit pour prendre la tête de la CIA. 

"Son histoire s’apparente à un scénario  d’House of Cards", écrit le jounal, et, à 54 ans, Mike Pompeo ambitionnerait désormais, si l’on en croit les rumeurs, d’accéder un jour à la maison Blanche. Alors que pour Bolton, son poste actuel est "sa dernière et sa meilleure chance pour réaliser son objectif idéologique", en ce qui concerne Pompeo, son portefeuille diplomatique est "un moyen d’envisager un avenir politique brillant". Ce qui est certain, c’est qu’il a un horizon plus lointain que celui de Bolton, et il pourrait être tenté de prendre ses distances face au "t_rain de la disruption piloté par Bolton et Trump"_.

Pour aller plus loin :

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