Tribune. Au XXIe siècle, sur notre continent, dans les domaines-clés de l’action publique, l’Etat-nation est largement dépassé. Aucun Etat européen ne peut, seul, satisfaire à ses responsabilités humanitaires à l’égard des réfugiés et garantir la protection des frontières. Il en va de même pour un partenariat de développement réussi avec l’Afrique, pour la politique de sécurité et de défense, pour la protection de l’environnement et pour les infrastructures transfrontalières. Même les plus grands Etats membres, comme l’Allemagne ou la France, ne peuvent plus espérer maîtriser seuls ces défis.
Sur le principe, nous savons tout cela depuis longtemps. Mais, il y a peu de temps encore, nous pensions que la résolution de ces problèmes pouvait se faire au rythme traditionnel des processus de décision européens. Aujourd’hui, nous savons que ces problèmes doivent être résolus plus rapidement. Parce que le monde globalisé est plus chaotique que ce que nous avions prévu. Parce que la confiance dans nos alliés les plus proches est fortement ébranlée par le slogan America First (« L’Amérique d’abord ») de Donald Trump. Et aussi parce que l’Union est menacée en son sein même par la montée des partis populistes.
La situation est délicate : si l’Etat-nation a déjà vu sa capacité d’action s’éroder dans des domaines politiques majeurs, l’Union européenne n’est cependant pas encore assez développée pour pouvoir intervenir dans les domaines dans lesquels l’Etat-nation n’apporte plus de réponse convaincante. Plus cette situation se prolongera, plus l’insatisfaction augmentera et plus les populistes auront le vent en poupe. La logique des « petits pas » ne suffit pas. Nous avons besoin aujourd’hui de la même audace politique et de la même clairvoyance historique que celles qui avaient présidé en leur temps à la création de l’Union européenne. A cette époque déjà, les sceptiques étaient nombreux ; mais, jusqu’à présent, les résultats sont convaincants.
Une véritable opportunité
Notre capacité d’action et notre souveraineté, qui se réduisent considérablement au niveau national, doivent enfin être rétablies au niveau européen. C’est pourquoi nous avons instamment besoin d’une initiative commune pour le développement des biens publics européens. Une véritable opportunité se présente aujourd’hui, et ce pour quatre raisons.
« Un consensus franco-allemand s’est dégagé sur le développement de biens publics européens dans six domaines d’action »
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