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Pascal Lamy : « Le discours politique dominant en France est un discours antimondialisation »

Pour l’ancien directeur général de l’OMC, il existe un « décalage avec la réalité » économique du pays dont « un grand nombre d’entreprises françaises ont très bien réussi à conquérir les marchés ».

Par  (Propos recueillis par)

Publié le 28 avril 2017 à 11h25, modifié le 28 avril 2017 à 11h27

Temps de Lecture 3 min.

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La mondialisation est-elle allée trop loin ? Si le sujet alimente la campagne présidentielle, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), souligne qu’elle n’a fait en France « ni plus ni moins » de perdants qu’ailleurs. En revanche, estime-t-il dans un entretien au Monde, « la capacité de notre système à protéger les plus faibles a été médiocre ».

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Les Français jugent négativement la mondialisation. Pourquoi ?

Les Français y sont nettement plus hostiles que le reste des pays occidentaux et c’est parfaitement corrélé avec leur pessimisme vis-à-vis de l’avenir. Ils ont le sentiment qu’on a pris à la France son pouvoir de faire partager ses principes à travers le monde. Et le discours politique dominant en France, depuis des années et quels que soient les partis, est un discours antimondialisation.

Economiquement, Il y a pourtant là un décalage avec la réalité : l’économie française est très fortement mondialisée, un grand nombre d’entreprises françaises ont très bien réussi à conquérir les marchés étrangers.

Derrière cette hostilité, il y a quand même une désindustrialisation très forte en France…

Celle-ci a aussi eu lieu en Italie, en Espagne, en Belgique. Bien sûr, la faible performance économique et sociale française explique le malaise dominant. Cette dérive cause des problèmes, notamment un taux de chômage invraisemblable dans une démocratie moderne, qui sont sources de frustration et de colère. Mais le lien de tout cela avec la mondialisation est émotionnel et mythologique.

Je n’ai jamais été un apôtre de la mondialisation heureuse : elle a de bons et de mauvais côtés. Mais quand Marine Le Pen l’accuse aujourd’hui, c’est la version économique de la xénophobie. Cela consiste à dire que les maux dont nous souffrons viennent d’ailleurs. Or ils viennent d’abord de chez nous.

La mondialisation a pourtant fait des perdants…

Elle en a fait en France, ni plus ni moins qu’ailleurs. Sauf que la capacité de notre système à protéger les plus faibles a été médiocre, malgré un taux de redistribution considérable.

Que faut-il faire pour eux ?

Il faut reconstruire des filets qui réduisent l’insécurité sociale et culturelle. Cela passe par des réformes du marché du travail, de l’école, des qualifications et de la formation. C’est tout un travail de recomposition de ce qu’a été l’Etat-providence et qui, en France, a perdu beaucoup de son efficacité. Nos filets sociaux marchent pour amortir les inégalités qui ont moins augmenté ici qu’ailleurs pendant la crise. Ils fonctionnent pour donner un revenu de substitution à un chômeur, mais pas pour lui donner du travail.

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