Brexit : acte II

Fête de l'omelette à Fréjus, Les Arènes de Fréjus/The Union Flag of the United Kingdom over the Flag of Europe, 10.07.2016 - Wikicommons/Holiday Green/	Hogweard
Fête de l'omelette à Fréjus, Les Arènes de Fréjus/The Union Flag of the United Kingdom over the Flag of Europe, 10.07.2016 - Wikicommons/Holiday Green/ Hogweard
Fête de l'omelette à Fréjus, Les Arènes de Fréjus/The Union Flag of the United Kingdom over the Flag of Europe, 10.07.2016 - Wikicommons/Holiday Green/ Hogweard
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Divorce acquis et tractations houleuses sur plus de 6 mois, retour sur bilan de la phase 1 du Brexit? Quel scénario pour la suite ? "Comment sortir un oeuf d'une omelette qui a été battue par les Anglais eux-mêmes"? demande Pascal Lamy.

Avec
  • Iain Begg Enseignant-chercheur attaché à l'Institut européen de la London School of Economics.
  • Pascal Lamy Ancien directeur de l’OMC et président du Forum de Paris pour la Paix
  • Denis MacShane Ancien ministre britannique des affaires européennes

Pascal Lamy, Président emeritus de l' Institut Jacques Delors,  professeur affilié à HEC et conseiller stratégique du nouveau Simone Veil Governance Center for Europe. Il a donné un entretien dans la Revue d’Economie financière, "L'Europe doit s'attaquer de front au défi anthro-politique", publié cette année aux éditions Association d'économie financière. II a co-écrit:  Où va le monde? avec Nicole Gnesotto, aux éditions Odile Jacob en février 2017

Au téléphone depuis Londres Iain Begg, Enseignant-chercheur attaché à l 'Institut européen de la London School of Economics, il a publié l'article " A deal – any deal – is clearly better than no deal" sur le blog LSE, le 8 décembre 2017.  ainsi que l'article, " Juncker’s State of the Union signals that interest in Brexit is declining across the EU".

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Denis McShane, ancien ministre britannique des Affaires européennes, ancien député travailliste. En 2015, il a publié, _Brexit: How Britain Will Leave Europe_et plus récemment, How Britain Left Europe  chez IB Tauris.

Brexit, no exit par D. MacShane / Où va le monde par P. Lamy et N. Gnesotto
Brexit, no exit par D. MacShane / Où va le monde par P. Lamy et N. Gnesotto
- I.B. Tauris / Odile Jacob

La chronique d'Eric CHOL de  Courrier International 

Eric Chol, Rédacteur en chef de Courrier International

C’est une victoire personnelle pour Theresa May 

Le site Politico titrait hier, à l’issue du sommet de Bruxelles : « Cadeau de noël surprise pour Theresa May », en faisant allusion aux applaudissements reçus par la première ministre britannique jeudi soir de la part de ses collègues européens. 

Et le site  d’information poursuit « Il n’y a rien de mieux que des applaudissements pour trouver du réconfort , même si ceux-ci sont plus la marque d’un soulagement que des acclamations ».
Theresa May a donc pu quitter le sommet de Bruxelles ragaillardie, grâce à cette fameuse  reconnaissance par les 27  du travail accompli par Londres dans les négociations avec l'Union européenne, ce qui ouvre la voie à une nouvelle phase de discussions. Mais la presse britannique ne s’enflamme pas.

« Theresa May a réalisé des progrès suffisants, mais il reste encore à mener une grande bataille pour le Brexit » titre par exemple le site du New Statesman ce matin. «  Qu’importe si Theresa May est arrivée là par chance ou habileté, elle  aura besoin au moins de ces deux qualités pour surmonter une nouvelle crise au sein du parti conservateur avant que le Brexit soit bel et bien achevé ».

Même tonalité de la part du Telegraph, qui explique que « Theresa May a obtenu un  triomphe mineur mais, ajoute le journaliste,  

« nous ne pouvons plus nous permettre de dérapages ».

Or justement, des dérapages, il y en a eu ces derniers mois :  on ne compte plus les gaffes, les démissions, les scandales qui agitent le Royaume Uni au point que Theresa May, à la tête du gouvernement depuis un an et demi, apparaît presque comme une survivante. Pas plus tard que mercredi, elle enregistrait « une défaite humiliante » à la Chambre des communes, rapporte le Guardian  puisqu’une majorité de députés ont imposé au gouvernement un droit de regard final du Parlement sur l'accord de retrait de l’Union européenne. Ce vote représente la “vengeance des conservateurs rebelles”, estime le quotidien The Times, onze élus torys ayant joué les mutins et refusé de suivre la ligne de leur parti. 

« Des députés suggéreraient déjà que de nouvelles élections sont nécessaires après un tel désaveu », écrivait même Le Guardian qui 

ajoute. “Cela soulève des questions sur la capacité de Theresa May à tenir sa majorité”.

Si elle est aussi affaiblie, Theresa May peut-elle encore tenir longtemps ?   Parmi ses très nombreux ennemis politiques,  certains l’imaginaient, ces dernières semaines, très proche de la sortie de Downing Street, rapporte the Economist qui a publié un portrait assassin de Theresa May dans un de ses derniers numéros.  

Selon l’hebdomadaire, on peut avoir, « une vision charitable des choses » et considérer que « Mme May est victime d’une terrible malchance ». Mais on peut aussi être moins charitable et dire qu’elle est surtout,  « la victime de ses propres erreurs de jugement qui sont consternantes : comme vouloir un hard brexit après la victoire très serrée du camp du Leave,  ou déclencher l’article 50  sans la moindre préparation ou encore convoquer une élection générale pour renforcer sa majorité puis mener la campagne la plus lamentable qu’on n’ait jamais connue ».  

Pour autant, juge The Economist, « le plus affreux dans cette histoire c’est que le gouvernement de Theresa May risque de durer peut-etre jusqu’en mars 2019, quand la Grande Bretagne quittera l’Union européenne, voire au delà ». L’hebdomadaire cite la formule de Nietsche, ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. Et bien c’est la même chose avec Theresa May, « ce qui ne détruit pas son gouvernement la rend encore plus indispensable », écrit The Economist qui conclut : « Plus le paysage politique se fractionne, plus les conservateurs sont terrifiés à l’idée de jeter par la fenêtre leur première ministre, ce qui ouvrirait la voie à une guerre civile ou à une élection générale. » 

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