Tribune. Le projet européen de Marine Le Pen est, selon son programme, de faire advenir une « alliance européenne des nations » qui a vocation à se substituer progressivement à l’Union européenne. Elle envisage de mettre en œuvre ce projet avec les dirigeants illibéraux de l’Union européenne comme le premier ministre hongrois Viktor Orban et le vice-premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski.
Un tel projet constituerait une rupture fondamentale vis-à-vis de l’engagement de la France dans le projet d’Europe unie, démocratique et libérale, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Certes, Marine Le Pen a abandonné la stratégie d’une sortie officielle de l’Union européenne, portée il y a cinq ans, un « Frexit » à la suite du Brexit. Pourtant, son programme montre qu’elle défend une stratégie de « Frexit caché » extraordinairement risquée pour nos libertés, pour la prospérité de notre pays et pour la préservation de relations pacifiques en Europe.
Commençons par les libertés. Marine Le Pen veut rétablir les contrôles aux frontières et remettre en cause la liberté de circulation qui est l’un des fondements de l’UE. Or, ces dernières années, sous l’effet de la crise migratoire, des attentats terroristes et de la crise sanitaire, les restrictions se sont déjà multipliées, démontrant par l’absurde que les frontières demeurent.
Remise en cause de la libre circulation au sein de l’Europe
La leader du RN veut aller plus loin : la circulation devenant l’exception, l’interdiction le principe. Il s’agirait d’une régression majeure du modèle de « société ouverte » sur lequel repose l’UE et qui permet à un nombre croissant d’étudiants et désormais d’apprentis de bénéficier de programmes de mobilité en Europe, mais aussi aux travailleurs et aux retraités de s’installer où ils le souhaitent.
En outre, Marine Le Pen prévoit de réduire unilatéralement la contribution de la France au budget européen. Or, nos partenaires ne resteraient pas sans rien faire. L’Union serait amenée à couper les fonds européens dont la France est bénéficiaire, dans l’agriculture, la cohésion régionale et dans les programmes d’investissements du plan de relance, dont 40 % en France sont financés par l’Union.
La liste des projets financés est longue : de la protection des zones naturelles à la création de crèches en milieu rural, en passant par les formations pour les demandeurs d’emploi, les aides à la création d’entreprise, etc. Le cœur du projet de Marine Le Pen sur l’Europe est d’organiser un référendum sur l’immigration visant à « modifier la Constitution pour y intégrer des dispositions portant sur le statut des étrangers et la nationalité pour y faire prévaloir le droit national sur le droit international ».
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