Rapport

La Grèce, l’Union européenne et la présidence 2003

Une présentation des enjeux de la présidence Grecque de l’Union Européenne.

AVANT-PROPOS DE JACQUES DELORS

Je suis très reconnaissant à George Pagoulatos de la clarté et de la finesse avec lesquelles il sait nous présenter l’histoire mouvementée de l’intégration de la Grèce à l’Union européenne et les débats animés auxquels elle a donné lieu. Cette histoire est en effet tout sauf linéaire puisque l’entrée de la Grèce dans la Communauté Européenne, le 1er janvier 1981, a été suivie en octobre de la même année par la « victoire historique » du PASOK, qui s’était opposé à cette adhésion, et par la formation du premier gouvernement Papandreou lequel, sur bien des points, inaugurait une période de ruptures par rapport au mainstream européen. En nous rappelant que la part de la dépense publique dans le PIB grec est passée de 29 % en 1975 à 51 % en 1990, G. Pagoulatos nous permet de mesurer l’ampleur de cette rupture.

C’est tout aussi opportunément qu’il date du début des années 1990, après une alternance politique largement pacifiée, l’ouverture d’une période ininterrompue de convergence et d’intégration qui, de façon spectaculaire, a conduit la Grèce au centre de l’Europe politique. Le fait que le revenu moyen par tête rapporté à la moyenne communautaire rejoigne actuellement son niveau de 1978 (70 %) résume de façon spectaculaire le caractère mouvementé de cette évolution historique. Il nous faut désormais oublier les stéréotypes sur la marginalité de la Grèce dans l’Union, parce qu’ils sont obsolètes. Je partage avec l’auteur l’appréciation de success story qu’il porte sur la position actuelle de la Grèce en Europe qu’il s’agisse de son évolution politique, économique et administrative, de son intégration à l’UEM et au marché unique, de ses positions internationales. Je sais également la part immense qu’a prise le Premier Ministre Kostas Simitis dans ce succès, que je ne pouvais omettre de souligner dans cette brève préface. On mesurera la nouvelle centralité de la Grèce en rappelant que, si elle prend officiellement la présidence de l’Union au 1er janvier 2003, elle l’exerce de fait depuis le 1er juillet dernier pour les questions liées à l’UEM et à la PESD en raison de l’abstention du Danemark sur ces deux politiques.

Et cette centralité du pays exerçant la présidence est un atout précieux pour nous tous dans la très délicate séquence qui s’ouvre : il s’agira rien moins que mener à bonne fin le Traité de Théssalonique qui restera dans l’histoire celui de la réunification du continent, et de faire coà¯ncider le passage de relais à la présidence italienne avec la transition délicate entre la Convention et la Conférence intergouvernementale, pour donner à l’Union les institutions dont elle aura besoin pour réussir cette réunification. Je n’aurai garde d’oublier qu’il aura fallu entre temps réussir le Conseil européen de printemps, qui rythme désormais la vie économique et sociale de l’Union, et bien d’autres choses encore… En cette période où, dans une large mesure, va se jouer le destin de l’Europe politique, C’est avec confiance et espoir que je vois prendre la responsabilité de la présidence au pays inventeur de la démocratie qui, plus récemment, a su porter à un niveau record – le plus élevé parmi les Quinze- l’adhésion de son peuple à la construction européenne.