Rapport

Les Français et l’Europe, l’état du débat européen en France

Notre Europe a pris l’habitude de publier, à l’ouverture de chaque présidence de l’Union, une présentation de l’état du débat sur l’Europe dans le pays qui accède à cette responsabilité. Ce tour d’Europe des représentations collectives de « l’objet politique non identifié » qui nous unit présente autant d’intérêt que les clefs qu’il nous propose pour la lecture des orientations sous-jacentes à chaque présidence. Également disponible en allemand.

AVANT-PROPOS DE JACQUES DELORS


C’est Aujourd’hui le tour de la France, et le sujet présentait une double difficulté. d’une part, il avait déjà été traité au début 1998 par Notre Europe1, et il n’était pas question de se répéter. d’autre part, il est peu de pays en Europe qui cultivent autant que le nôtre le goût du débat pour le débat : identifier, derrière le fracas des éditoriaux et des controverses publiques, ce qui fait sens et ce qui en fait moins est, moins qu’ailleurs, une mince histoire. C’est dire si je suis reconnaissant à Jean-Louis Arnaud, vieux complice de Notre Europe, d’avoir accepté de se jeter à l’eau.

Il a relevé ce défi en prenant résolument le parti pris de traiter de l’évolution des thèmes politiques plutôt que des débats entre intellectuels, ce qu’avait remarquablement fait Laurent Bouvier en son temps. Les années récentes ont, en effet, moins vu l’enrichissement du débat intellectuel que l’irruption du sujet Europe dans la vie politique nationale. De la campagne pour les européennes de 1999 au débat récent ouvert par les déclarations de Joschka Fischer, C’est à la fois la rupture du tabou fédéraliste et l’affirmation de thèses souverainistes, qui constitue indéniablement le fait le plus nouveau.

Cette évolution contrastée, qui traverse la plupart des formations politiques françaises peut faire l’objet d’une lecture contradictoire. Elle nous offre l’espoir que notre pays sera au rendez-vous de l’Histoire et, en s’interrogeant en temps utile sur la configuration de l’Union élargie, saura concilier la réussite de la réunification du continent et le maintien de la vitalité du projet politique européen. Au risque cependant de nouveaux malentendus : des « motsvalises » tels que fédération, constitution, subsidiarité, pourraient n’être qu’un nouvel habillage de conceptions traditionnelles et conduire à célébrer prématurément des alliances historiques insuffisamment fondées.

Aussi, je sais gré à Jean-Louis Arnaud d’avoir soumis ces nouveaux thèmes politiques à un dynamitage jubilatoire : tout le monde en prend pour son grade ! J’aurais certes fait preuve de plus de retenue et de moins d’équanimité dans la distribution des « cartons jaunes ». Il reste que l’offre politique d’Europe reste encore en France suffisamment lointaine de la demande telle que nous la révèlent tous les indicateurs pour qu’il n’y ait que de bonnes raisons à être regardant sur la conformité du produit à son étiquette. Ce faisant, notre auteur ne se contente pas de dresser un état des idées, mais s’engage avec ardeur dans le débat en cours, que je suis heureux d’avoir contribué à ouvrir.

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