Policy Paper

Les premiers pas d’une politique : pour une action européenne renforcée en faveur de l’enfance

L’enfance, grande cause européenne? On voit déjà les Eurosceptiques faire la grimace en ironisant sur la futilité des préoccupations des Eurocrates ou crier au scandale en dénonçant une Europe qui s’immisce dans la vie privée des citoyens et viole leur intimité.

L’enfance, grande cause européenne? On voit déjà les Eurosceptiques faire la grimace en ironisant sur la futilité des préoccupations des Eurocrates ou crier au scandale en dénonçant une Europe qui s’immisce dans la vie privée des citoyens et viole leur intimité.

Pourtant, comme nous l’explique Eulalia Rubio dans cette étude, il ne s’agit pas de la dernière lubie de Bruxelles. La pauvreté des enfants, leur santé, leur bien-être, leurs lieux d’accueil et d’éducation font déjà l’objet de divers programmes européens depuis plusieurs années et s’inscrivent dans le cadre d’une transformation résolument moderne des politiques sociales.

En effet, si l’intervention européenne dans le domaine social a historiquement été liée à la réalisation du marché unique et au monde du travail, elle a progressivement évolué à l’image des politiques nationales pour apporter une réponse aux nouveaux besoins sociaux, tels que l’exclusion sociale, le changement démographique et l’hétérogénéité croissante des structures familiales. Or, les enfants sont fréquemment les victimes des défaillances des systèmes traditionnels de protection sociale et de ces nouveaux besoins mal pris en compte. De plus, comme dans beaucoup de domaines, les progrès de l’intégration européenne conduisent à envisager de nouveaux champs d’intervention où la juxtaposition des mesures nationales, pour autant qu’elles existent, ne suffit plus. Il n’est donc pas surprenant que les regards se tournent vers l’Europe quand la question du sort réservé aux plus jeunes se pose.

Toutefois nous sommes bien loin d’une situation satisfaisante puisque les interventions sont fragmentées, limitées dans leurs ambitions et traitent souvent le soutien aux enfants comme un moyen pour atteindre des objectifs jugés plus nobles.

Evitant un biais partisan auquel le sujet peut aisément se prêter, Eulalia Rubio dresse un état des lieux synthétique et objectif; elle discute sans complaisance des arguments qui plaident en faveur et contre une approche au niveau européen. Et pour conclure, elle nous propose de procéder par étapes concrètes afin non seulement d’améliorer l’existant, mais surtout d’ouvrir la voie à une véritable politique européenne de l’enfance, plus efficace, plus cohérente et pleinement légitimée dans ses fondements.

On en retire la conviction qu’il s’agit là d’un domaine tout sauf mineur, qui pourrait bien donner un souffle prospectif à une politique sociale trop souvent condamnée à jouer les voitures-balais.