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Économie de guerre: Macron met la pression aux industriels qui déplorent des demandes intenables

Emmanuel Macron veut une économie de guerre et il maintient la pression sur les industriels de la défense. Ce jeudi matin, le président sera à Bergerac en Dordogne pour poser la première pierre d'une usine de de poudre pour obus. Mais en réalité difficile d’aligner les envies de l’Etat aux réalités du terrain.

Emmanuel Macron sera à Bergerac en Dordogne ce jeudi matin sur le site d'Eurenco, le leader européen dans la fabrication de poudre qui relocalise sa poudrerie pour la fabrication d’obus en France. Il sera accompagné par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et celui des Armées, Sébastien Lecornu.

Le chef de l'Etat posera la première pierre de la nouvelle usine avant de rencontrer des PDG de l'industrie de la défense pour parler de la production militaire. Le mot d’ordre, produire plus et responsabiliser les entreprises à cette tâche dans un contexte de remilitarisation du pays et de soutien militaire à l’Ukraine.

Sauf qu’en réalité, les envies de l’Etat sont très différentes des réalités du terrain. Chez Thales, la production de systèmes militaire à triplé depuis près d’un an. Mais le rythme est difficile à tenir, les moyens humains et matériels ne suivent pas pour Grégory Lewandowski, coordinateur CGT.

“Certaines augmentations de cadence ne sont pas tenables. Je parlais par exemple pour les rafales, pour nous, ça semble difficilement tenable en ces termes. On a des craintes pour livrer le matériel”, indique-t-il.

Une relance qui prend du temps

Sauf que relancer une production presque à l'arrêt en temps de paix, ça prend du temps, admet Jérôme Garnache, le patron des forges de Tarbes qui produit une partie des obus: "C’est compliqué en termes d’investissement. Il faut des autorisations, il faut faire un certain nombre d’appels d'offres, c’est très long. Et du coup, il y a un espèce de gap entre ce qu’on voudrait faire maintenant et ce qu’on a pu faire", détaille-t-il.

Et puis il y a un autre problème, c’est la visibilité des entreprises sur le long terme selon Sylvie Matelly, économiste spécialisée dans les questions de défense.

“Les entreprises sont très inquiètes d’investir beaucoup d'argent et puis de se retrouver à la fin avec des stocks qui ont grossi parce qu’il y a moins de besoins. Vous aurez trop de personnels, vous aurez trop de matière première et vous aurez investi à perte sur des productions qui ne s’inscrivent pas dans la durée”, pointe-t-elle.

Et si les entreprises ne produisaient pas assez, le ministre des armées n'exclut pas la réquisition de certaines usines d'armement.

Pierre Bourgès avec Guillaume Descours