De Belgrade à Tirana, une zone d’influence disputée

Depuis les années 90, l’Union européenne prospérant sur les dividendes de la paix regardait les Balkans comme le parent pauvre rappelé aux démons de la guerre. Une autre Europe, celle des haines interethniques, des murs lézardés par les impacts de balles et des checkpoints de l’ONU. Une Europe que Bruxelles regarde de loin, lui promettant sommet après sommet que son intégration, c’est sûr, arriverait un jour. Mais pas tout de suite.

Depuis la fin des guerres en ex-Yougoslavie, l’Union européenne maintient les six États des Balkans occidentaux dans son antichambre, nourrissant les lassitudes par un processus d’adhésion labyrinthique et apaisant les frustrations à coups de programmes de développement. Un entre-deux qui a ouvert la voie aux ambitions régionales de puissances concurrentes : la Russie et la Turquie financent églises, mosquées et associations culturelles, la Chine multiplie les projets miniers, routiers et immobiliers tandis que l’Azerbaïdjan et les pays du Golfe placent, eux aussi, leurs pions sur l’échiquier des Balkans. Combinées au retour de la guerre en Ukraine, ces influences extérieures participent aujourd’hui à une prise de conscience européenne de l’importance stratégique de la région, évoquée lors du sommet UE/Balkans tenu à Bruxelles le 13 décembre.

Par quels leviers les puissances non-occidentales tentent-elles de prendre pied ou de réactiver leurs liens avec les Balkans ? Face aux influences extérieures et surtout à l’éclatement de la guerre en Ukraine, comment l’Union européenne a-t-elle ajusté sa politique vis-à-vis de la région ? Et enfin, comment les États de la région composent-ils entre les différentes offres géopolitiques qui leur sont faites ?

Focus -   L’Albanie en quête d’Europe

Officiellement candidate à l’adhésion depuis 2014, l’Albanie était depuis négligée par l’Union européenne. Depuis le début de la guerre en Ukraine, elle a accueilli un sommet UE/Balkans et reçu la visite d’Emmanuel Macron, deux signaux politiques qui témoignent du regain d’intérêt de l’Europe pour Tirana. Quelle place l’intégration européenne occupe-t-elle dans le positionnement diplomatique de l’Albanie ?

Références sonores

Le président slovène Janez Janša craint la concurrence de puissances non-européennes, Euronews / oct. 21
Recep Tayyip Erdoğan propose l’aide de la Turquie - AP Archive / sept. 22
En Serbie, une manifestante prorusse affiche son soutien à la Russie - TV5Monde / janvier 2019

Vucic et la position ambigüe de la Serbie sur l'Ukraine - AP Archive / février 2023
Natasa Kovacevic, activiste monténégrine, dénonce les investissements chinois - DW News / février 2023
En Bosnie, l'élu municipal, Dino Hadzic, lutte contre la présence de l'arabe dans l'espace public - Euronews / avril 2018
Le Premier ministre albanais Edi Rama sur les perspectives d'adhésion - Euronews / oct 2023

Références musicales

Asking for a friend du chanteur originaire de Bosnie-Herzégovine, Hector Gachan.