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Indépendance du gaz russe

210 milliards d'euros pour s'affranchir du gaz russe

La Commission européenne a présenté mercredi un plan dans le but d'accélérer le développement des énergies renouvelables et des économies d'énergie. L'objectif : s'affranchir «le plus vite possible» des importations de gaz russe, en réaction à la guerre en Ukraine.

Le changement des habitudes de consommation pourrait réduire la demande de gaz et de pétrole de «5% à court terme», estime Bruxelles.
Le changement des habitudes de consommation pourrait réduire la demande de gaz et de pétrole de «5% à court terme», estime Bruxelles. © PHOTO: Shutterstock

Il y a désormais urgence. Alors que Poutine ferme les robinets de gaz en Pologne et en Bulgarie, l'Union européenne (UE) doit agir au plus vite afin de sécuriser les approvisionnements européens. Et pour cela, Bruxelles doit réduire «le plus vite possible [sa] dépendance énergétique à l'égard de la Russie», a déclaré ce mercredi Ursula von der Leyen, à la presse.

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À en croire la présidente de la Commission européenne, la solution passerait notamment par des «économies d'énergie». Il s'agirait en effet du moyen «le plus rapide et le moins cher pour répondre à la crise énergétique actuelle et réduire les factures», précise-t-elle, estimant la réduction de la demande de gaz et de pétrole de «5% à court terme».

Des objectifs revus à la hausse

Ce plan d'action nécessiterait inévitablement «des changements de comportements», précise Bruxelles qui préconise des campagnes de communication dans chaque État membre auprès des entreprises et des ménages. Mais cela ne fait pas tout. La Commission propose de rehausser son objectif de part des renouvelables dans le mix énergétique à l'horizon 2030, qui passerait de 40% à 45%.

Un double objectif

Au-delà de l'invasion russe en Ukraine, réduire les importations d'énergies fossiles reste crucial pour atteindre les objectifs climatiques de l'UE. Pour rappel, Bruxelles s'est fixé comme objectif une baisse des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici 2030 et la neutralité carbone en 2050.

Pour atteindre cet objectif, Bruxelles mise notamment sur un doublement des installations photovoltaïques d'ici à 2025 et sur un allègement des contraintes administratives pour accélérer les procédures de déploiement des projets solaires et éoliens.

Le plan fixe également un objectif de 10 millions de tonnes d'hydrogène d'origine renouvelable produit en Europe d'ici à 2030, ainsi que 10 millions de tonnes d'importations, pour remplacer le charbon, le pétrole et le gaz dans certains secteurs de l'industrie et des transports.

Bruxelles reconnaît toutefois que l'UE ne pourra se passer rapidement du pétrole et du gaz et a déjà engagé une diversification de ses fournisseurs, en se tournant notamment vers les États-Unis, l'Algérie et le Moyen-Orient. La Commission envisage un mécanisme d'achat conjoint pour négocier de meilleurs tarifs.

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Mais ces nouvelles ambitions ont un coût. L'accélération de la transformation du système énergétique européen va nécessiter un investissement supplémentaire de 210 milliards d'euros d'ici à 2027, a calculé l'exécutif. L'essentiel du financement proposé proviendrait de prêts déjà inclus dans le plan de relance européen NextGenerationEU mais non encore utilisés. Ces prêts représentent déjà 225 milliards d'euros immédiatement mobilisables.

Embargo en discussion

Pour rappel, selon l'Institut Jacques Delors, 25% de l'énergie consommée en 2019 en Europe provenait de Russie. Depuis le déclenchement des hostilités en Ukraine fin février, l'UE a déjà versé 52 milliards d'euros à Moscou, soit presque autant en deux mois et demi que son budget militaire annuel de 60 milliards d'euros, souligne le centre de réflexion bruxellois.

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Pour cette année, les Européens ont néanmoins d'ores et déjà annoncé la fin des importations de charbon russe à partir d'août prochain et un embargo sur le pétrole pour la fin de l'année est en cours de discussion parmi les États membres. La Commission avait affirmé en mars vouloir réduire des deux tiers ses achats de gaz russe dès cette année et en totalité avant 2030.

Au Grand-Duché, 78,9 % de sa consommation intérieure brute d'énergie l'était par le biais de combustibles fossiles importés. Par ailleurs, toutes sources d'énergies confondues, celles en provenance de Russie représentent officiellement 4,3% des importations. Quant au gaz, un quart est importé de Moscou.

Un plan d'action applaudi au Luxembourg

Claude Turmes (déi gréng), n'a pas perdu de temps pour saluer les nouvelles ambitions de Bruxelles. Le ministre de l'Energie a notamment applaudi les nouveaux objectifs pour 2030 en matière de développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, affirmant qu'il est en effet «important d’avoir des mesures fortes et coordonnées au niveau européen».

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