L’Europe veut mettre un coup d’accélérateur sur la vaccination. De septembre, l’objectif a été avancé à juillet 2021. D’ici là, 70 % des adultes seront vaccinés, espère la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. En visite à l’usine de production de vaccins Pfizer/BioNTech de Puurs (Belgique) vendredi 23 avril, elle s’est dite « confiante » en ce nouvel objectif « grâce aux énormes efforts de la société de biotechnologie Pfizer et à l’accélération de ses livraisons de vaccins ».

Après le faux départ de début d’année, l’Europe veut montrer qu’elle peut tenir ses promesses. Et les surpasser. L’annonce vient confirmer les prévisions du « Monsieur vaccin » de l’Union européenne (UE) Thierry Breton. Nommé à la tête de la « task force » européenne pour les vaccins au lendemain des premiers déboires de livraison d’AstraZeneca, c’est à lui que l’UE doit ce nouveau calendrier. « Il ne se déplace pas seulement sur les plateaux de télévisions, il est aussi régulièrement en contact avec les responsables de production de ces entreprises », salue le chef de la représentation de la Commission européenne en France, Baudouin Baudru. « Il s’assure que les choses évoluent telles qu’annoncé et que le moindre problème soit identifié immédiatement pour garantir que le schéma de production de livraison soit respecté. »

Augmentation exponentielle de la capacité de production

Sauf incident de parcours, l’objectif a de bonnes chances d’être tenu, estime-t-il. Les chiffres d’approvisionnement sont éloquents. Le laboratoire Pfizer/BioNTech doit passer de 67 millions de doses délivrées au premier trimestre à 250 millions au deuxième trimestre, Moderna de 10 millions à 35 millions et AstraZeneca de 30 millions à (sauf nouveau retard) 70 millions au deuxième trimestre. Quant au vaccin de Johnson & Johnson tout juste autorisé, 55 millions de doses doivent être livrées ce trimestre. Ce dernier a l’avantage de ne nécessiter qu’une injection.

Un nouveau contrat avec Pfizer/BioNTech est en cours de négociation qui devrait acter la livraison de 1,8 milliard de doses de vaccins de première et nouvelles générations entre 2021 et 2023. Cette commande ne devrait pas servir « uniquement les citoyens de l’UE mais aussi les pays tiers en plus grande difficulté », précise Baudouin Baudru. « L’UE est le seul continent qui à la fois assure sa propre production de vaccins et livre des doses au reste du monde », remarque Isabelle Marchais, en charge des questions de santé à l’Institut Jacques Delors.

Prochain défi : vaincre la défiance

Les vaccins sur la table, « la balle sera dans le camp des États membres pour organiser la campagne », botte en touche le représentant de la Commission européenne en France. 20,41 % de la population européenne a déjà reçu une première dose. Pour atteindre leur objectif estival, les Vingt-Sept devront encore piquer 4 millions de personnes par jour. Et rassurer une population échaudée par l’apparition de rares cas de thromboses après vaccination à l’AstraZeneca et au Jansen.

Plus que le stock de vaccins, « l’hésitation vaccinale sera la plus difficile à surmonter », prévient Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève. Après les laboratoires, l’Union européenne, les pays et les professionnels de santé, la réussite de la campagne de vaccination tiendra à la réussite des communicants.

« Il faut des campagnes d’information massives pour expliquer pourquoi les jeunes ont intérêt à se faire vacciner et cibler aussi les segments socialement les plus défavorisés », assène l’épidémiologiste. Sans quoi l’objectif des 70 % ne pourrait rester qu’un mirage. L’Institut Pasteur estime qu’un « retour à la vie normale » ne sera possible que si 90 % des adultes sont vaccinés.