Emmanuel Macron avait lancé l’idée, le 9 mai, dans l’enceinte du Parlement de Strasbourg : la « communauté politique », proposée par le chef de l’Etat afin d’arrimer les pays candidats, Ukraine en tête, à l’Union européenne, devait connaître son baptême du feu bruxellois, jeudi 23 juin, lors d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept. Avant de passer la main de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) à la République tchèque, le 1er juillet, Paris espère que le projet, source de tensions avec les capitales d’Europe centrale et orientale, figurera dans les conclusions du sommet, voire qu’une date sera esquissée, au second semestre, pour son lancement officiel d’ici à la fin de l’année.
L’attribution attendue du statut de candidat à l’UE à l’Ukraine et à la Moldavie, que le retour de la guerre en Europe a accélérée, pourrait faciliter un compromis en ce sens entre les Vingt-Sept : les Etats baltes ou la Pologne en ont fait une condition avant de parler de la proposition française. Pour convaincre, la diplomatie française a depuis précisé ses intentions. « La communauté politique européenne ne serait pas une alternative à l’adhésion à l’Union européenne et ne substituerait pas au processus d’élargissement », assure ainsi un document français transmis aux Vingt-Sept, en prélude au sommet : « Elle permettrait au contraire de renforcer les liens avec les Etats membres de l’Union avant l’adhésion, au niveau politique comme dans l’accompagnement de la participation à certaines politiques de l’UE, y compris, le cas échéant, par une intégration progressive à son marché intérieur », assure ce texte, dont Le Monde a pris connaissance.
« Structure juridique légère »
« La communauté politique européenne prendrait la forme d’une structure juridique légère, dotée d’une capacité décisionnelle, tout en respectant l’autonomie de décision de l’Union européenne et de chacun des Etats qui [la] constituent », précise ce document. D’après Paris, ce nouvel ensemble « se réunirait plusieurs fois par an au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi qu’au niveau ministériel », et pourrait être doté d’une petite instance de pilotage, adossée aux institutions bruxelloises.
« Il reste cependant un vrai travail de persuasion à faire, car la proposition suscite autant d’intérêt que d’interrogations », observe Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques-Delors, l’un des laboratoires d’idées qui s’est emparé du sujet très en amont, à l’instigation de son président, Enrico Letta. L’ancien premier ministre italien préfère parler d’une « confédération », comme celle proposée, en vain, par François Mitterrand en décembre 1989, un peu plus d’un mois après la chute du mur de Berlin.
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