Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Strasbourg, Emmanuel Macron relance l’idée d’une confédération européenne

Le président français a proposé, lundi 9 mai, devant le Parlement européen, de « structurer le continent » autour d’une « communauté politique européenne », reprenant ainsi une initiative de François Mitterrand, il y a plus de trente ans.

Par  (Strasbourg, envoyé spécial)

Publié le 10 mai 2022 à 09h59, modifié le 10 mai 2022 à 10h48

Temps de Lecture 2 min.

Le président français Emmanuel Macron devant le Parlement européen de Strasbourg, le 9 mai 2022.

Personne ne s’attendait à ce qu’Emmanuel Macron, à peine réélu, emboîte ainsi le pas de son lointain prédécesseur, François Mitterrand. Le chef de l’Etat a repris à son compte, lundi 9 mai, à Strasbourg, l’idée d’une confédération européenne, lancée en vain, en décembre 1989, par l’ancien président socialiste. Il s’agit d’envoyer un signal aux pays candidats à l’Union européenne, à commencer par l’Ukraine en guerre contre la Russie. « Soyons clairs, l’Union européenne ne peut pas être le seul moyen de structurer le continent européen. Il nous faut très clairement trouver la voie pour penser notre Europe et ouvrir une réflexion historique sur l’avenir de notre continent », a justifié M. Macron.

Le président de l’Institut Jacques-Delors, Enrico Letta, également chef du Parti démocrate italien, préparait le terrain ces dernières semaines, avec l’aval discret de Mario Draghi, le président du conseil italien. A leurs yeux, comme à ceux de M. Macron, cette « communauté politique européenne » pourrait permettre de répondre aux aspirations ukrainiennes, moldaves et géorgiennes, mais aussi à celles des Etats des Balkans occidentaux, que l’agression russe contre l’Ukraine a fortement renforcées. Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié l’idée de « très intéressante », sans décourager d’éventuelles adhésions pleines et entières à l’Union européenne.

« Une grande idée »

Le contexte du moment n’est toutefois pas comparable avec celui de la fin de la guerre froide : le président socialiste avait lancé son idée un peu plus d’un mois après la chute du mur de Berlin, période d’euphorie continentale, qui allait précipiter la dislocation du bloc de l’Est et entraîner la réunification rapide de l’Allemagne. Dans son esprit, l’URSS moribonde, présidée par Mikhaïl Gorbatchev jusqu’à son démantèlement en 1991, avait vocation à participer à cette confédération, contre l’avis des Etats-Unis et d’une bonne partie des Etats d’Europe centrale et orientale, soucieux, en pleine période révolutionnaire, de se débarrasser du joug soviétique. Depuis Prague, tout juste élu à la présidence de ce qui était encore la Tchécoslovaquie, à l’issue de la « révolution de velours », l’écrivain Vaclav Havel avait mené la fronde contre ce projet. La République tchèque, comme la Pologne ou la Hongrie, allait mettre plus de quinze ans à rejoindre la communauté européenne, en 2004.

Désormais, la guerre et son cortège d’horreurs sont de retour en Europe, du fait de la Russie de Vladimir Poutine, avec qui l’affrontement risque de durer, même si les armes devaient se taire, un jour, en Ukraine. Il n’est donc pas question de laisser Moscou entrer dans la future « communauté », réservée aux seules démocraties européennes. « Reformulée, cela reste une grande idée, compliquée à mettre en œuvre, mais stratégique », estime Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères. En décembre 1989, l’ancien conseiller diplomatique de François Mitterrand était porte-parole de l’Elysée.

Lire notre série d’été (2020) : Article réservé à nos abonnés Réinventer le monde après la chute du mur de Berlin : l’Europe à la recherche d’une unité

La discussion ne sera pas facile, tant les Etats d’Europe centrale et orientale plaident en faveur de l’adhésion rapide de Kiev. Personne ne sait non plus ce que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pense de la formule. M. Macron a dit vouloir prendre son « bâton de pèlerin » pour convaincre des vertus du projet, sans annoncer pour autant qu’il se rendrait dans la capitale ukrainienne.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.