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Entretien

«Air Defender 2023»: un exercice aérien hors norme

Ce lundi 12 juin, en Allemagne, 220 avions militaires de 24 armées de l'air différentes prennent part au plus gros exercice jamais organisé par l'Otan, un déploiement qui a aussi pour but d'intimider Moscou, selon Cyrille Bret, chercheur associé à l'Institut Jacques Delors. Entretien.

Sur les uniformes des participants à l'exercice «Air Defender 2023» qui se tient à partir de ce lundi 12 juin en Allemagne, on peut lire: «Stronger together» («Plus forts ensemble»). Un exercice militaire aérien hors norme : 220 avions militaires de 24 armées de l'air différentes prennent part au plus gros exercice jamais organisé par l'Otan, un déploiement qui a aussi pour but d'intimider Moscou.
Sur les uniformes des participants à l'exercice «Air Defender 2023» qui se tient à partir de ce lundi 12 juin en Allemagne, on peut lire: «Stronger together» («Plus forts ensemble»). Un exercice militaire aérien hors norme : 220 avions militaires de 24 armées de l'air différentes prennent part au plus gros exercice jamais organisé par l'Otan, un déploiement qui a aussi pour but d'intimider Moscou. via REUTERS - POOL
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RFI : Avec cet exercice aérien le plus massif de l'histoire de l'Alliance atlantique, l'Otan montre ses muscles. C'est un message envoyé à la Russie ?

Cyrille Bret : Oui, le nombre de pays participants et le nombre d'aéronefs mobilisé est en soi un message pour la Fédération de Russie. Aucun centimètre du territoire de l'Alliance ne sera menacé. C'est le message qu'envoie aujourd'hui l'Alliance à l'égard de la Russie et dans un domaine, le domaine aérien, qui est particulièrement sensible, puisque la Russie n'a pas réussi à établir une suprématie incontestée dans ce domaine. Elle a pourtant toujours revendiqué d'être à l'avant-garde des nations aériennes. Donc oui, c'est un message, en fait, de dissuasion conventionnelle envoyé à la Fédération de Russie au moment où une offensive ukrainienne se prépare.

>> À lire aussi : Comment l'armée ukrainienne se met au défi de franchir les lignes russes ?

Autre fait marquant d' « Air Defender 2023 », la seule Garde nationale américaine envoie une centaine d'appareils pour tester sa réactivité à traverser l'Atlantique en cas de crise majeure en Europe, là, c'est plutôt Washington qui envoie un message aux Européens ?

Cyrille Bret : Oui, le message est double : d'un côté, les États-Unis sont bien de retour en Europe et continueront à l'être de façon massive. Le second message est plus classique. Il est souligné partout à Washington, dans les médias, dans les think tanks, c'est-à-dire que sur plus de 220 aéronefs, la moitié est constituée par un contingent américain. Les États-Unis estiment qu'ils sont la principale garantie de sécurité du continent européen, le font savoir et enchaînent sur un message clair sur le fardeau qui doit être partagé par les Européens. Les Européens doivent, eux aussi, contribuer, notamment financièrement à cet effort.

 

Avion ECR Tornado allemand sur l'aéroport de Jagel, en Allemagne, où se tiennent à partir de ce lundi 12 juin les exercices «Air Defender 2023».
Avion ECR Tornado allemand sur l'aéroport de Jagel, en Allemagne, où se tiennent à partir de ce lundi 12 juin les exercices «Air Defender 2023». via REUTERS - POOL

Deux cent vingt avions attendus donc en Allemagne ce lundi 12 juin 2023, mais déjà la semaine dernière, 150 appareils européens étaient réunis en Finlande. Et en Roumanie, en ce moment même, des troupes de l'Otan simulent la reconquête d'un territoire envahi… Le camp occidental multiplie les sorties, il s'agit d'afficher une unité, une crédibilité sans faille ?

Cyrille Bret : Une unité, une crédibilité, une montée en gamme dans l'intégration, la coordination, l'interopérabilité et la massification des moyens, mais également de donner un substitut à l'Ukraine. On sait que le gouvernement ukrainien demande depuis de longs mois des ventes d'appareils pour la défense aérienne du territoire ukrainien et la réponse des Européens est double. D'un côté, oui, nous concédons, entraînement et vente de matériel, mais de l'autre côté, nous assurons nous-mêmes la défense de l'Otan.

L'ancien chef de l'Otan, Anders Rasmussen, estime que certains pays, comme la Pologne, pourraient franchir le pas d'envoyer des troupes en Ukraine si des garanties de sécurité ne sont pas trouvées lors du prochain sommet à Vilnius, en juillet. L'Alliance court-elle le risque de ne plus parler d'une seule voix ?

Cyrille Bret : Oui, tout à fait, un cavalier seul, polonais, est totalement possible et un cavalier seul polonais remettrait en question l'approche extrêmement collective adoptée au sein de l'Otan, adoptée aussi au sein de l'Union européenne et militaire. Mais d'un autre côté, on peut estimer que ces initiatives polonaises pourraient constituer une division du travail. D'un côté, la défense de l'Europe par l'Otan, de l'autre, le soutien très actif militairement à l'Ukraine, sur une base bilatérale entre la Pologne et l'Ukraine.

 

>> À lire aussi : Ukraine: en visite en Pologne, Zelensky veut regonfler une alliance de premier ordre

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