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Bruxelles va recommander d'accorder à l'Ukraine le statut de candidat à l'UE

La Commission européenne doit présenter ce vendredi un avis positif, assorti de conditions. Cette procédure exceptionnellement rapide pose de nombreuses questions qui seront débattues la semaine prochaine par les Vingt-Sept. La France préconise un nouveau cadre de coopération pour les pays candidats.

Ursula von der Leyen a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev le 11 juin.
Ursula von der Leyen a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev le 11 juin. (Valentyn Ogirenko/REUTERS)

Par Karl De Meyer

Publié le 16 juin 2022 à 19:03Mis à jour le 16 juin 2022 à 19:53

Il n'y a plus guère de suspense autour de la recommandation que doit faire ce vendredi la Commission européenne sur le statut de candidat à l'adhésion de l'UE pour l'Ukraine. En visite à Kiev jeudi avec le président du Conseil italien, le chancelier allemand et le président roumain, Emmanuel Macron a déclaré que « tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l'adhésion » pour Kiev. Olaf Scholz, le chef du gouvernement allemand, a précisé que ce soutien « s'applique également à la République de Moldavie ». Le cas de la Géorgie, qui a aussi déposé un dossier de candidature, est beaucoup moins clair.

La Commission, dont le collège s'est réuni lundi dernier pour boucler sa position, s'apprête à rendre un avis positif « en un temps record, trois mois depuis le dépôt de candidature de l'Ukraine », remarque Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques-Delors. « La Serbie a déposé son dossier en 2009, la Commission a répondu en 2011, le statut a été accordé en 2012 et les négociations ont véritablement commencé en 2014. La Turquie a fait sa demande en 1987 et a été déclarée candidate en 1999 », a-t-il ajouté.

Le signal politique envoyé à Kiev, et par conséquent à Moscou, est donc déjà très fort. Il s'adresse aussi aux marchés financiers, puisque la reconstruction de l'Ukraine exigera des centaines de milliards de dollars et les investisseurs seront plus enclins à prêter s'ils perçoivent une perspective d'adhésion. Le message de Bruxelles s'accompagnera toutefois de nombreuses demandes de réformes, tant l'Ukraine et la Moldavie sont éloignées des standards de l'Union, qu'il s'agisse de minimums sociaux, de développement économique ou de normes environnementales. Les deux pays souffrent en outre d'un fort niveau de corruption.

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Sommet européen la semaine prochaine

La prochaine étape cruciale aura lieu les 23 et 24 juin prochains, à Bruxelles, quand les Vingt-Sept examineront cette recommandation. Les trois « grands » pays sont certes alignés, et l'Ukraine compte de nombreux avocats zélés au sein du Conseil européen : la Pologne et les pays Baltes notamment, qui lui ont fourni depuis le début de la guerre une assistance militaire et logistique majeure.

D'autres Etats membres, par exemple les Pays-Bas et le Danemark, expriment eux des réserves. Car l'adhésion de l'Ukraine changerait radicalement le visage de l'Union. Compte tenu de sa population (44 millions d'habitants), elle aurait un poids équivalent, au Conseil et au Parlement européen, à celui de l'Espagne. Avec son alliée polonaise, elle pèserait plus que l'Allemagne. Très agricole, elle absorberait une part considérable des fonds de la PAC.

Peu de leviers

« Les problèmes qu'on a eus ces dernières années avec la Pologne et la Hongrie , qui ont porté de graves atteintes aux principes de l'Etat de droit et instrumentalisé leur droit de veto, sont très présents à l'esprit de certains dirigeants », ajoute un eurocrate haut placé. Budapest et Varsovie sont sous le coup de nombreuses procédures d'infraction et de rappels à l'ordre qui ont toutefois démontré leur manque de mordant. « Une fois qu'un pays est dans le club, les autres membres ont peu de leviers en cas de dérapage », souligne un diplomate.

L'histoire de l'Union est aussi faite d'adhésions problématiques. La Bulgarie et la Roumanie, entrées trop tôt, dès 2007, ont été rongées par la corruption. L'adhésion de Chypre, un pays qui a un litige de frontières avec la République turque de Chypre du Nord, a été un casse-tête pour les diplomates européens. La Serbie, qui a démarré ses négociations en 2014 , refuse aujourd'hui d'appliquer les sanctions européennes contre Moscou, avec qui elle vient de prolonger un accord gazier.

Nouveau cadre de coopération

La perspective d'accueillir l'Ukraine et la Moldavie dans l'Union pose aussi frontalement la question des pays des Balkans qui ont déjà engagé des négociations ou frappent à la porte. Que leur dire ? Si l'on s'achemine vers une Union à 39, il devient urgent d'en repenser la gouvernance, comme l'ont réclamé les eurodéputés la semaine dernière. Pour Paris, une partie de la solution passe par la création d'une « Communauté politique européenne » qui ne serait pas une alternative à l'adhésion, mais une antichambre dans laquelle les candidats se verraient accorder progressivement l'accès à certaines politiques européennes.

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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