récap'C’est quoi cette « course aux subventions » américaine qui agace Le Maire ?

C’est quoi cette « course aux subventions » américaine qui met en rage Bruno Le Maire ?

récap'Plusieurs dirigeants européens ont dénoncé lundi les subventions massives accordées par les Etats-Unis aux entreprises sur leur sol, et parmi eux, Bruno Le Maire
Le président américain Joe Biden (à gauche) et Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie.
Le président américain Joe Biden (à gauche) et Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie. - AFP / AFP
Marion Pignot

M.P. avec AFP

L'essentiel

  • Plusieurs dirigeants européens ont dénoncé, ce lundi, les subventions massives accordées par les Etats-Unis aux entreprises sur leur sol, agitant la menace de poursuites à l’Organisation mondiale du commerce.
  • Tous évoquent de nouveau le fameux « Inflation Reduction Act » (IRA), un programme américain de réformes environnementales et sociales lancé par l’administration Biden. Soit plusieurs centaines de milliards de dollars d’investissements qui pourraient séduire nombre d’entreprises européennes
  • 20 Minutes fait le point sur ce nouveau conflit commercial et cette « course aux subventions, contraire à toutes les règles du commerce international », largement fustigée, depuis dimanche, par le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire.

Les subventions massives des Etats-Unis à leur économie sont « contraires à toutes les règles du commerce international » et appellent une réponse « coordonnée, unie et forte » des Européens, a estimé le ministre des Finances, Bruno Le Maire, dans une interview publiée par quatre journaux européens, Les Echos, Handelsblatt, El Mundo et Corriere della Sera. 20 Minutes fait le point sur ce nouveau parfum de conflit commercial au-dessus de l’Atlantique.

Mais c’est quoi ces subventions américaines massives ?

Il s’agit de subventions massives accordées par les Etats-Unis aux entreprises sur leur sol. « Dans certains cas, le montant des subventions que l’administration Biden propose est quatre à dix fois le montant maximal autorisé par la Commission européenne », a dénoncé Bruno Le Maire, ce lundi. En évoquant « ce certain cas », le ministre français de l’Economie fait référence à la loi américaine sur la réduction de l’inflation, le « Inflation Reduction Act » (IRA), ainsi nommée pour coller à l’actualité, mais qui est, en réalité, un programme de réformes environnementales et sociales. L’IRA est le plus gros investissement jamais décidé dans la lutte contre le changement climatique, prévoyant 370 milliards de dollars pour la construction d’éoliennes, de panneaux solaires et de véhicules électriques. Le plan prévoit notamment un crédit d’impôt, jusqu’à 7.500 dollars, réservé à l’acquisition d’un véhicule électrique sortant d’une usine nord-américaine avec une batterie fabriquée localement, excluant donc les automobiles produites dans l’Union européenne.

Pourquoi c’est un problème (pour Bruno Le Maire) ?

L’Europe dénonce des aides exceptionnelles contraires aux règles du commerce international et un IRA de plusieurs centaines de milliards de dollars d’investissements qui pourrait séduire nombre d’entreprises européennes. Le sujet inquiète d’autant plus que la récession menace de s’abattre sur le continent dès cet hiver en raison des conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Les firmes européennes sont déjà pénalisées par la flambée des prix de l’énergie, qui les frappe bien plus durement que leurs concurrentes américaines. En conséquence, « certaines grandes entreprises étrangères qui voulaient s’installer en Europe hésitent désormais entre des sites européens et des sites américains », a précisé le ministre français de l’Economie. Selon lui, « en France, les premières estimations indiquent que ce sont dix milliards d’investissements et des milliers d’emplois industriels qui sont en jeu ».


« Les irritants historiques sont à peine apaisés que Washington adopte des mesures très offensives », commente Elvire Fabry, experte en géopolitique du commerce auprès de l’institut européen Jacques Delors. Politiquement, cette dernière voit toutefois davantage dans les mesures de l’administration Biden « un agenda domestique de protection des intérêts américains » qu’une « guerre tarifaire déclarée » comme sous l’ère Trump.

Que disent les dirigeants européens (dont Bruno Le Maire) ?

« Nous attendons de la Commission européenne qu’elle fasse des propositions de réponse forte à cette politique américaine », a déclaré à Bruxelles le ministre français des Finances Bruno Le Maire, avant une réunion avec ses homologues des 27 qui doit aborder le sujet demain, mardi. « La voie à suivre est de rechercher le dialogue avec l’administration américaine afin de trouver des solutions communes », a plaidé l’Allemand Christian Lindner. « Je ne suis pas sûr que la partie américaine ait déjà pris pleinement conscience de l’ampleur de nos inquiétudes », a-t-il dit, affirmant vouloir « tout faire pour éviter une guerre commerciale ».

De son côté, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, s’est montré très ferme lors d’une interview accordée à BFM Business. « On va envisager évidemment des mesures de rétorsion », a-t-il lancé, agitant la possibilité d’aller « devant l’OMC » (l’Organisation mondiale du commerce) pour faire valoir les arguments européens si aucune issue n’était trouvée à l’amiable.

A quand remontent les tensions (selon Bruno Le Maire) ?

A l’origine de la montée de tensions entre les deux grandes puissances occidentales, la mise en place cet été de « l’Inflation Reduction Act ». Cependant, le risque d’une « guerre commerciale » entre les deux régions alliées a été évoqué sans ambages ces toutes dernières semaines. Bruno Le Maire a ainsi utilisé l’expression lors d’une visite à Berlin en octobre, tout en appelant à l’éviter, et le chancelier allemand Olaf Scholz a parlé du risque d’une « énorme guerre tarifaire ».


Notre dossier sur le commerce international

Il est bon de savoir que la guerre commerciale n’est pas une nouveauté dans les relations entre les Etats-Unis et l’Union européenne, qui ont eu à régler ces dernières années plusieurs différends. Parmi eux, le face-à-face entre le géant européen de l’aéronautique Airbus et l’américain Boeing, sur fond, là aussi, de subventions, et l’imposition de tarifs douaniers additionnels, par l’administration Trump, sur l’acier et l’aluminium.

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