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Climat : cinq ans après, cinq questions sur l'Accord de Paris

L'Accord de Paris, adopté il y a cinq ans par presque tous les pays du monde, constitue une première étape dans la lutte contre le changement climatique. Quelles en sont les principes et les objectifs ? Que s'est-il passé depuis sur le front du climat ? Le point dans CQFD.

L'Accord de Paris sur le climat a été signé en 2015
L'Accord de Paris sur le climat a été signé en 2015 (WITT/SIPA)

Par Hortense Goulard

Publié le 12 déc. 2020 à 11:15

Cinq ans après son adoption, l'Accord de Paris est encore omniprésent dans le débat public. En son nom, l'Union européenne s'est fixé la première un objectif de neutralité climatique, suivie cette année par la Chine et le Japon . Aux Etats-Unis , c'était l'un des points de contention majeur de l'élection présidentielle.

Mais de quoi s'agit-il exactement ? Les réponses dans CQFD, le format pédagogique des « Echos ».

1. Qu'est-ce que l'Accord de Paris ?

L'Accord de Paris sur le climat a été adopté le 12 décembre 2015 par presque tous les pays du monde, à l'issue de plus de dix jours de négociations. Il marque la fin de la COP21, qui s'est tenue à Paris, sous présidence française. Cette COP (Conference of the Parties, en anglais) représente elle-même l'aboutissement de vingt autres réunions internationales de ce type, qui n'ont que rarement été couronnées de succès.

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Cet accord est ensuite entré en vigueur en novembre 2016, après qu'il a été ratifié par plus de 55 pays représentant plus de 55 % des émissions. Ce décalage s'explique par la nécessité, pour les parlements nationaux, de prendre connaissance du texte de l'accord avant de le ratifier.

En 2020, 189 « parties » - c'est-à-dire essentiellement des Etats et l'Union européenne - l'ont ratifié, sur 197. Les Etats-Unis sont un cas particulier puisque le pays l'a d'abord ratifié, pendant la présidence d'Obama, avant de revenir sur sa décision après l'élection de Donald Trump.

2. Quels en sont les objectifs ?

Ces négociations ont abouti à un texte d'une vingtaine de pages qui fixe un objectif mondial de réchauffement à ne pas dépasser, assorti de quelques grands principes. L'objectif principal figure à l'article 2 : il s'agit de contenir l'élévation moyenne des températures « nettement en dessous de 2 °C » comparé à l'ère préindustrielle, tout en poursuivant les efforts pour limiter cette hausse à moins de 1,5 °C.

Pour atteindre cet objectif, il faudra d'abord parvenir à un « plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre », suivi par une réduction rapide de ces émissions. Enfin, « au cours de la deuxième moitié du siècle », il faudra parvenir à un équilibre entre ces émissions et l'absorption de gaz carbonique par des « puits de carbone » tels que les forêts et les océans, voire des technologies de captage de carbone qui ne sont pas encore utilisées à grande échelle.

En clair, cela nécessite de réduire drastiquement toutes les émissions de gaz à effet de serre - CO2, méthane et autres -, tout en préservant et en augmentant la surface des forêts, marais et autres puits naturels de carbone. C'est le fameux objectif de neutralité climatique.

3. Comment y parvenir ?

Pour atteindre ces objectifs, aucune mesure contraignante n'est envisagée. Chaque pays se fixe son propre objectif de réduction des gaz à effet de serre et s'engage à revoir périodiquement ses ambitions à la hausse. Dans le jargon des COP, ces engagements constituent des « contributions déterminées au niveau national » (même si l'Union européenne, qui n'est pas un Etat, a présenté ses propres objectifs).

Autre révolution par rapport aux accords précédents, les pays développés ne sont pas les seuls qui s'engagent à agir pour réduire leur empreinte carbone. Les pays en voie de développement doivent eux aussi s'y astreindre, même si le texte reconnaît que les premiers sont largement responsables du dérèglement climatique et qu'ils doivent contribuer davantage à la solution. C'est le principe des « responsabilités communes mais différenciées ».

4. Comment fonctionne la coopération entre les pays ?

Outre l'accord lui-même, qui compte une vingtaine de pages, les pays signataires se sont aussi mis d'accord sur une « décision » , sorte d'annexe qui le complète en entrant davantage dans les détails. Elle crée notamment un groupe de travail, chargé de préparer les COP suivantes, et précise certains aspects clés de l'accord, par exemple en fixant le calendrier de révision des « contributions déterminées au niveau national. »

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Car la lutte contre le réchauffement climatique ne s'arrête pas à l'Accord de Paris, loin de là. Reste à définir les modalités pratiques de sa mise en oeuvre. Lors de la COP24 qui a eu lieu il y a deux ans à Katowice, en Pologne, les pays se sont mis d'accord sur plusieurs aspects pratiques de la lutte contre le changement climatique, dont la liste des informations que devront fournir les pays développés sur leur soutien financier aux pays en développement, par exemple. Mais ils ne sont pas parvenus à s'accorder sur tous les sujets.

5. Biden peut-il refaire ce que Trump a défait ?

Les équipes de négociations américaines avaient joué un rôle décisif pendant la COP21, qui s'est déroulée pendant le deuxième mandat de Barack Obama. Donald Trump, au contraire, a immédiatement manifesté son hostilité, avant de sortir de l'accord dès que c'était légalement possible, le 4 novembre 2020. Pendant tout son mandat, la diplomatie américaine s'est tenue en retrait des négociations climatiques. Elle s'est même alliée à l'Arabie saoudite, au Koweït et à la Russie pendant la COP26 pour tenter d'affaiblir l'ambition du texte.

Joe Biden a promis que les Etats-Unis réintégreraient l'accord de Paris dès le début de son mandat. Mais cette décision seule ne changera rien à la concentration de CO2 et d'autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Pour mener à bien son ambitieux programme de décarbonation de l'économie américaine, le futur président ne pourra sans doute pas compter sur le soutien sans faille du Congrès, le Sénat penchant plutôt vers les républicains .

Ce qui ne signifie pas que ses mains seront liées sur tous les sujets, explique Thomas Pellerin Carlin de l'Institut Jacques Delors. Le président des Etats-Unis dispose en effet de pouvoirs importants via les actes exécutifs. Il peut aussi renforcer les pouvoirs de l'EPA (Environment Protection Agency) ou limiter les forages sur des terres appartenant à l'Etat. Enfin, de nombreux élus républicains ne sont pas opposés à une politique de subventions massives des énergies renouvelables, qu'ils considèrent comme une énergie du futur, selon ce dernier.

Hortense Goulard

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