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NEGOCIATIONSRoberto Azevedo quitte la direction d’une OMC en crise

Commerce : Roberto Azevedo quitte la direction d’une OMC en crise

NEGOCIATIONSLes discussions pour lui trouver un successeur pourraient ne pas aboutir avant les élections américaines de novembre
Le directeur général de l'OMC, Roberto Azevedo, à Genève le 23 juillet 2020.
Le directeur général de l'OMC, Roberto Azevedo, à Genève le 23 juillet 2020. - MARTIAL TREZZINI/AP/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Son départ ne tombe pas au meilleur moment. Roberto Azevedo va quitter ce lundi la tête de l’Organisation mondiale du commerce en laissant une institution en crise. Avec les élections américaines en novembre, les discussions pour lui trouver un remplaçant pourraient s’éterniser.

Les pressions de Washington

En plein marasme économique mondial causé par la pandémie de Covid-19, l’organisation a pourtant plus que jamais besoin d’avoir un capitaine à sa barre. Plusieurs chantiers de taille attendent en effet le futur patron de l’OMC : préparer la conférence ministérielle de 2021, relancer les négociations et dénouer les conflits opposant l’organisation aux Etats-Unis. Washington, s’estimant « inéquitablement » traité par le gendarme du commerce mondial, a menacé de quitter l’organisation, dont il réclame la refonte, et paralyse depuis décembre le tribunal d’appel de son organe de règlement des différends.

« Les Etats-Unis veulent que le prochain directeur général partage les préoccupations américaines, dont beaucoup concernent la Chine. Etant donné que le directeur général est choisi par consensus, cette position ferme complique la sélection », pointe le professeur en relations internationales Manfred Elsig, du World Trade Institute à Berne. « Il se pourrait bien que de nombreux membres de l’OMC veuillent attendre après l’élection, en espérant que l’administration change », estime-t-il.

Une démission surprise

Mi-mai, Roberto Azevedo avait annoncé à la surprise générale qu’il quitterait ses fonctions un an avant la fin de son mandat pour « raisons familiales ». Les candidats à sa succession ne manquent pas. Ils sont au nombre de huit, dont trois Africains, deux Européens, deux Asiatiques et un Latino-Américain. Mais les vives tensions internationales et la politisation croissante des élections à la tête des organisations internationales risquent de compliquer le processus de désignation. L’OMC doit mener du 7 au 16 septembre une première série de consultations avec chacun des membres afin d’éliminer les trois candidats les moins bien placés pour recueillir un appui consensuel. Deux autres séries de consultations suivront, vraisemblablement en octobre et novembre.

Après le départ de Roberto Azevedo, un des quatre directeurs adjoints de l’OMC – un Américain, un Allemand, un Nigérian et un Chinois, devait assurer l’intérim. Mais Washington et Bruxelles n’ont pas réussi à s’entendre. Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors, note que « le veto américain » à la nomination de l’Allemand, qui était soutenu par la plupart des pays, est d’abord lié à la volonté du président Donald Trump « de durcir le rapport de force avec l’Union européenne (…) à la veille des élections ». L’OMC va donc devoir encore attendre pour reprendre son rôle moteur sur les questions de commerce international.

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