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Crise du gaz : le Portugal et l’Espagne disent non à la Commission, Budapest fricote avec Moscou

Les gouvernements portugais et espagnols ont dit mercredi 20 juillet leur opposition au plan proposé par l’exécutif européen le jour même de réduire la demande de gaz pour surmonter la baisse des livraisons russes. Et la Hongrie va négocier ce jeudi avec Moscou pour recevoir plus de gaz.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (à droite) et son homologue hongrois, Peter Szijjarto, ce jeudi à Moscou.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (à droite) et son homologue hongrois, Peter Szijjarto, ce jeudi à Moscou. | AFP
  • Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (à droite) et son homologue hongrois, Peter Szijjarto, ce jeudi à Moscou.
    Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (à droite) et son homologue hongrois, Peter Szijjarto, ce jeudi à Moscou. | AFP

La solidarité européenne commence à se fissurer sur le gaz russe. À peine l’annonce par la Commission d’un plan européen de réduction de 15 % de la consommation de gaz d’ici mars 2023, Madrid et Lisbonne ont fait savoir leur opposition.

Lire aussi : Bruxelles dégaine son plan de sevrage du gaz russe

Le gouvernement espagnol, qui vient d’opérer un virage à gauche au niveau national, ne veut pas d’une obligation pour les ménages de baisser la température pour chauffer leur logement cet hiver. Espagnols et Portugais avaient obtenu en mai une dérogation de la Commission pour fixer eux-mêmes les prix du gaz et de l’électricité, et protéger ainsi leur population de la flambée du prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine.

Un plan pas adapté à la péninsule ibérique ?

Le plan européen est disproportionné ​selon le Portugal, qui craint des répercussions sur son économie, et pas adapté à des pays qui ne sont pas interconnectés ​au réseau gazier avec le reste de l’Europe. Il est vrai que moins de gaz utilisé dans la péninsule ibérique ne veut pas en dire plus pour les autres pays européens. Il y a une forme d’égoïsme dans ce raisonnement, tous les États n’ont pas compris la gravité de la situation​, estime Phuc-Vinh Nguyen, chercheur politique de l’énergie au sein de l’Institut Jacques Delors. Avec l’interconnexion des économies, si l’industrie allemande périclite, c’est toute l’économie européenne qui va être en difficulté.

Il est vrai que la péninsule ibérique est en bout de ligne pour les gazoducs venus de Moscou. Il y a une faible dépendance du Portugal et de l’Espagne au gaz russe​, confirme le chercheur de l’Institut Jacques Delors. Ces pays ont moins de 10 % de leur importation venue de Russie, privilégiant le gazoduc relié à l’Algérie et le gaz liquéfié (GNL) nigérian et américain. L’argument a ses limites : réduire la consommation de gaz pourrait permettre de débloquer du GNL ailleurs en Europe​, pointe l’expert.

Une union des Européens de plus en plus difficile

La péninsule ibérique n’est pas la seule à renâcler. Athènes, Varsovie et Budapest sont également en désaccord avec la Commission. Le prochain Conseil européen prévu le 26 juillet promet de difficiles négociations sur le sujet.

Lisbonne a déjà proposé une contrepartie : ouvrir son port de Sines dans le sud du pays aux autres États membres qui pourraient alors récupérer le gaz apporté par les énormes bateaux méthaniers, en le transbordant vers de plus petits navires. Ce qui éviterait de construire de coûteuses installations sur leur sol. La Commission agit en urgence et propose une approche volontariste pour pouvoir négocier ensuite​, analyse Phuc-Vinh Nguyen. Mais elle ne doit pas être dogmatique, l’important est d’arriver à une réduction en commun de 15 % au niveau européen, objectif qui, lui, est nécessaire.

En attendant, le chef de la diplomatie hongroise était hier à Moscou afin de discuter de livraisons supplémentaires de gaz russe, sans aucune concertation avec les autres membres de l’UE. Au grand plaisir du Kremlin qui, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a promis de développer sa relation stratégique ​avec la Hongrie malgré les sanctions européennes et va étudier ​la demande de Budapest.

J’apprécie réellement nos relations. Nos discussions aujourd’hui ont confirmé leur nature durable et stratégique. Et nous allons les développer de toutes les façons possibles​, a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse conjointe à Moscou avec son homologue hongrois Peter Szijjarto.

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