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Défense européenne : référendum crucial au Danemark

Membre fondateur de l'Otan, le Danemark est un des pays les plus atlantistes de l'UE. Depuis l'invasion de l'Ukraine, il vient chercher de nouvelles assurances auprès des membres de l'Union et organise ce mercredi un référendum pour révoquer une exemption qui lui évitait de prendre part à la politique de défense européenne.

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen.
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen. (Johanna Geron/REUTERS)

Par Virginie Robert

Publié le 1 juin 2022 à 08:00Mis à jour le 1 juin 2022 à 13:14

Les lignes continuent de bouger à la suite de l'agression russe en Ukraine. Après la candidature de la Suède et de la Finlande à l'Otan , c'est un membre historique de l'Alliance atlantique qui demande cette fois à participer à la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'Europe. Lors d'un référendum, les Danois vont voter, ce mercredi 1er juin, pour ou contre la suppression d'un mécanisme qui exempte le pays de contribuer à la politique de l'Union européenne en matière de défense. Au parapluie américain, ils pourraient donc ajouter celui des Vingt-Sept.

Les autres Etats membres le leur avaient concédé après leur « Non » retentissant au traité de Maastricht, en 1992. Copenhague n'avait accepté le traité qu'en 1993, après avoir obtenu une série d'exemptions relatives à la future monnaie européenne, à la coopération judiciaire et policière ainsi qu'à la politique de défense (comme Malte) qui lui permettaient, lui semblait-il, de mieux préserver sa souveraineté nationale.

Onde de choc

L'invasion de l'Ukraine, le 24 février, a changé le logiciel des dirigeants politiques danois. Dès le 11 mars, cinq partis de droite et de gauche, derrière la Première ministre sociale démocrate, Mette Frederiksen, ont mis sur pied un accord qui prévoit ce référendum, une hausse des dépenses de défense de 1,4 % à 2 % du PIB d'ici à 2033, et une prise de distance accélérée vis-à-vis du gaz russe qui vient de lui être coupé. « La remise en cause de l'exemption de la PSDC est vraiment due à la guerre en Ukraine et cela prouve à quel point l'onde de choc est forte dans l'ensemble des pays européens », constate Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques-Delors, qui a publié en janvier « L'Europe : changer ou périr » (Taillandier).

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Après l'abandon par la Suède et la Finlande d'une politique de non-alignement militaire et de neutralité pour faire acte de candidature à l'Otan et le revirement d'une Allemagne, traditionnellement pacifiste, qui prévoit de dédier 100 milliards d'euros de plus en dépenses militaires, il faut désormais envisager qu'un des pays les plus atlantistes en Europe, le Danemark, entre dans la politique de défense commune. « C'est le même ensemble de révolutions géopolitiques internes à l'Union européenne. Tout le monde veut multiplier les assurances », observe Nicole Gnesotto.

Multiplier les assurances

La Première ministre suédoise a d'ailleurs écrit au Conseil européen pour souligner à quel point la clause de solidarité lui paraît importante dans le traité de Lisbonne. Finalement, pour assurer les garanties, « tout le monde doit être à peu près membre de la même chose pour avoir une cohérence dans les politiques de sécurité et de défense », constate Nicole Gnesotto. Comme deux assurances valent mieux qu'une, si jamais il y a défaillance américaine, il y aura peut-être une solidarité européenne. »

Les sondages laissent envisager un oui au référendum. Selon celui d'Epinion pour la chaîne de télévision DR daté du 30 mai , 44 % des personnes interrogées sont d'accord pour révoquer la dérogation, 28 % veulent la conserver et 19 % ne savent pas encore ce qu'elles vont voter. Le niveau d'abstention jouera forcément. Ce sont surtout les partis d'extrême droite qui ont peur d'un affaiblissement de l'Otan. « Je crois de tout mon coeur que nous devons voter oui. A un moment où il faut se battre pour la sécurité en Europe, nous devons être plus unis avec nos voisins », a plaidé la Première ministre.

Virginie Robert

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