Élections contestées à Belgrade : la Serbie s’éloigne encore de l’Union européenne

Des partisans de l'opposition se rassemblent devant le bâtiment du conseil municipal de Belgrade tandis que des policiers se tiennent derrière les portes. ©AFP
Des partisans de l'opposition se rassemblent devant le bâtiment du conseil municipal de Belgrade tandis que des policiers se tiennent derrière les portes. ©AFP
Des partisans de l'opposition se rassemblent devant le bâtiment du conseil municipal de Belgrade tandis que des policiers se tiennent derrière les portes. ©AFP
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En Serbie, la colère monte depuis que le SNS, le parti du président Aleksandar Vucic, est sorti vainqueur des éléctions législatives. Si le résultat est sans appel, l’opposition dénonce des fraudes. Comment ces manœuvres menacent-elles la confiance, entre la Serbie et l’Union Européenne ?

Avec
  • Pierre Mirel Directeur Balkans à la Commission européenne pendant près de 10 ans. Conseiller pour le centre Grande Europe de l’institut Jacques Delors

Le parti d’Aleksandar Vucic a remporté les élections parlementaires haut la main. Pour Pierre Mire, ancien directeur pour les Balkans à la Commission européenne et conseiller Centre Grande Europe à l’Institut Jacques Delors, ce dernier les aurait gagnées grâce à des “fraudes, des irrégularités et des bourrages d’urnes ou achats de voix”. Cela aurait été mis en lumière par la différenciation des résultats des deux élections qui ont eu lieu : "il y avait les élections parlementaires sur l’ensemble du territoire et les élections municipales, notamment à Belgrade. Or à Belgrade, le parti d’opposition à Vucic a réalisé un score de 35% des voix, contre 39% pour Vucic, qui est un score serré. Il y a eu des fraudes qu’ont mises en lumière les municipales”, ajoute-t-il.

La fraude électorale : une "tradition" serbe ?

Pierre Mirel affirme qu’il existe non seulement en Serbie mais aussi en Bosnie une "tradition" de fraude électorale. “De plus, il y a une tradition de contrôle étroit par le parti du président sur les grands médias, c’est-à-dire sur ceux qui font l’opinion en Serbie. À partir du moment où les citoyens n’entendent que la voix du maître, il est évident qu’ils n’ont pas accès à ce que l’opposition raconte”, souligne-t-il.

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Une abstention trop importante

La dérive démocratique que décrit Pierre Mirel s’illustre aussi par un chiffre : 40% des électeurs se seraient abstenus. Selon lui, “une partie de la jeunesse ne s’intéresse plus à la politique. Elle n’a qu’un rêve, à savoir quitter le pays et travailler en Allemagne, en Autriche ou ailleurs”. Les Balkans sont en effet une zone d’émigration importante pour tout un pan de la jeunesse. Par ailleurs, il y aurait une sorte de délaissement des élections en raison de l’anticipation des résultats et des fraudes électorales.

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