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Elections en République tchèque : Andrej Babiš favori mais isolé

Les élections législatives qui se tiennent vendredi et samedi en République tchèque s'annoncent délicates pour le Premier ministre sortant. Même s'il est favori, ses chances de former une coalition solide sont faibles, face au front anti-Babis qui s'est constitué.

« Je me battrai pour votre industrie », indique l'affiche électorale du Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, du parti ANO.
« Je me battrai pour votre industrie », indique l'affiche électorale du Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, du parti ANO. (Tomas Tkacik/SOPA Images/ZUMA/Réa)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 7 oct. 2021 à 18:13Mis à jour le 7 oct. 2021 à 18:43

Il figure sur la liste des hommes politiques accusés d'avoir dissimulé de l'argent dans les paradis fiscaux mais il compte bien remporter les élections législatives de cette fin de semaine. Le Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, était jusqu'à ces révélations le favori du scrutin qui devrait logiquement le reconduire dans ses fonctions.

« Il est difficile de dire si les Pandora Papers auront une influence quelconque sur les électeurs tchèques. Il se pourrait que l'effet soit marginal, estime Lukáš Macek, chercheur associé à l'Institut Jacques Delors. Ce n'est pas la première affaire dans laquelle il est impliqué et les électeurs ne se font pas d'illusion sur lui. Mais ils apprécient ce leader qui a créé un empire industriel et qui sait prendre des décisions. » Comme à son habitude, le dirigeant populiste déjà accusé de conflit d'intérêts pour la gestion de son conglomérat Agrofert et de détournement de fonds européen au profit d'une de ses entreprises, a réagi avec aplomb, assurant qu'il avait agi dans la légalité.

Sa popularité trouve aussi sa source dans la prospérité de l'économie tchèque du moins jusqu'à la pandémie. Le Premier ministre, allié aux sociaux-démocrates, s'est montré particulièrement généreux envers les fonctionnaires et les retraités dont les pensions ont enregistré un rattrapage inédit. « Nous continuerons sur cette voie. Nous augmenterons encore les salaires et les pensions », a promis Andrej Babiš durant la campagne, attirant dans ses filets une proportion importante de la population vieillissante.

Piètre orateur

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Son bilan de la gestion de la crise sanitaire est beaucoup moins brillant. Non seulement le pays a enregistré l'un des taux de mortalité du Covid-19 les plus élevés au monde, mais les mécanismes d'aides à l'économie ont mal fonctionné et de nombreuses entreprises n'ont pas obtenu l'argent auquel elles avaient droit. Loin de la réputation de prudence financière du pays, Andrej Babiš a ouvert les vannes budgétaires en annonçant un programme d'investissement dans les autoroutes, les hôpitaux et les écoles. Le budget 2022 est marqué par un net dérapage de l'endettement (17 milliards d'euros) donnant des arguments à l'opposition libérale.

Si cet homme abrupt et piètre orateur est dénué de toute colonne vertébrale idéologique - à la différence d'un Orbán en Hongrie ou d'un Kaczyński en Pologne - sa stratégie politique a tout de même évolué ces dernières années : « Après avoir siphonné l'électorat du centre droit en 2013, il a labouré sur les terres sociales-démocrates en 2017. Aujourd'hui, c'est pour courtiser l'électorat anti-migrants et eurosceptique qu 'Andrej Babiš a fait campagne », analyse Lukáš Macek. La visite du Premier ministre hongrois fin septembre au cours de laquelle les deux hommes se sont vantés d'avoir résisté à l'Union européenne pour refuser tout migrant est explicite.

Un gouvernement incertain

La victoire de Babiš, si elle se confirme, ne signifie pas qu'il pourra former aisément un gouvernement. S'il obtient les 25 % des voix promises par les sondages, il n'aura pas la majorité des 101 sièges nécessaires pour gouverner. Or ses deux alliés actuels, le parti social-démocrate (CSSD), au gouvernement, et le parti communiste, en soutien au Parlement, ne sont pas assurés de franchir la barre des 5 %, permettant de siéger au Parlement.

Si la reconduction de l'actuelle coalition n'est pas possible, Andrej Babiš pourrait être tenté de s'allier avec l'extrême droite (PSD) qui réclame un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne. Une autre hypothèse verrait les deux coalitions du centre (l'une à droite, Spolu, constituée autour du parti conservateur, l'autre à gauche autour du parti Pirates et Maires) s'unir pour gouverner ensemble. S'il parvenait à voir le jour, le front anti-Babiš mettrait probablement un terme à la carrière politique de l'une des figures les plus controversées d'Europe.

Catherine Chatignoux

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