A deux mois des élections européennes du 9 juin, les sondages sont cruels : la liste de la majorité présidentielle reste loin derrière celle du Rassemblement national (RN) dans les intentions de vote. D’une étude d’opinion à l’autre, l’écart demeure au minimum de dix points entre les deux formations, promettant un cinglant revers au camp présidentiel au soir du scrutin, alors qu’il était arrivé au coude-à-coude avec la formation d’extrême droite en 2019. Tout se passe comme si la carte ukrainienne posée par Emmanuel Macron dans le jeu électoral, dans l’espoir de marquer sa différence avec le RN, n’avait pas suffi, à ce jour, à muscler les intentions de vote en faveur de son camp.
La campagne n’a, il est vrai, pas vraiment démarré. Valérie Hayer, la cheffe de file du camp présidentiel, dont la liste n’est pas encore formée, reste largement méconnue par rapport au dauphin de Marine Le Pen et tête de liste du RN, Jordan Bardella. Ce dernier est très soucieux d’éviter toute forme de débats, en particulier sur la guerre d’agression russe, quand sa concurrente Renaissance s’est fait un devoir de se rendre à Kiev fin mars pour afficher son soutien aux Ukrainiens.
Se défendant de tout électoralisme, le camp présidentiel tente ces dernières semaines de faire de l’Ukraine un des sujets phares de la campagne. Tandis que la guerre s’enlise, que la Russie grignote du terrain dans le Donbass, Emmanuel Macron cherche à préparer les Français, et les Européens, à un « sursaut » dans l’appui militaire à Kiev. La situation est assez grave en Ukraine et le « durcissement » du Kremlin suffisamment agressif à l’égard de la France pour justifier l’inquiétude exprimée par le chef de l’Etat. D’autant plus que le temps joue pour Moscou dans l’hypothèse d’un retour au pouvoir du républicain Donald Trump, aux Etats-Unis, après la présidentielle américaine de novembre. Ce dernier se fait fort de régler le conflit en vingt-quatre heures…
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