Dans une campagne encore atone, c’est l’un des rares sujets à avoir suscité quelques passes d’armes en France. Car, si elle figure en bonne place dans les programmes de La République en marche (LRM) et des principales listes de gauche, l’idée d’instaurer un salaire minimum européen est loin de mettre d’accord entre eux ses promoteurs. Quel seuil retenir ? Pour quelle ambition sociale ? Difficile de trancher dans une Union européenne (UE) qui brille surtout par ses disparités.
Vingt-deux Etats membres sur vingt-huit disposent aujourd’hui d’un salaire minimum national. Fixé à 2 071 euros brut au Luxembourg, où il est le plus élevé, il atteint 286 euros en Bulgarie, à l’autre bout du spectre, selon les données collectées par Eurostat au 1er janvier. La France, avec son smic à 1 521 euros brut (1 171 euros net), se classe sixième, derrière l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande.
Sans surprise, trois ensembles se distinguent : l’Ouest, avec des seuils supérieurs à 1 000 euros, le Sud et le centre, où les montants varient entre 500 et 1 000 euros, et l’Est, où ils descendent sous les 500 euros. L’Espagne, qui se situait dans la catégorie intermédiaire, a rejoint le groupe de tête après l’augmentation de 22 % du salaire minimum entre 2018 et 2019 décidée par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez.
Il est important de noter que ces fractures, même si elles restent béantes, ont tendance à s’atténuer si l’on prend en considération les écarts de prix et donc, les salaires minimums en standard de pouvoir d’achat. Partant du constat que le niveau de vie n’est pas le même à Bucarest ou à Madrid, les écarts de salaires observés se resserrent, passant d’un rapport de 1 à 7 à un rapport de 1 à 3 entre le pays le plus riche de l’UE (le Luxembourg) et le plus pauvre (la Bulgarie).
L’UE ne peut légiférer
En outre, les revenus ont progressé beaucoup plus rapidement à l’est qu’à l’ouest de l’Europe ces quinze dernières années. Comme le souligne une note de l’Institut Jacques-Delors du 18 avril, « le salaire minimum a augmenté depuis 2004 de 25 % en France, contre 200 % en Pologne, 367 % en Bulgarie ou 556 % en Roumanie ». La hausse la plus faible a été enregistrée en Grèce, du fait de la crise de 2012.
Qu’en est-il des six pays (Chypre, Italie, Danemark, Suède, Finlande, Autriche) qui n’ont pas instauré de salaire minimum au niveau national ? Ils ont néanmoins fixé un seuil au niveau des branches professionnelles, ou bien prévoient que celui-ci soit négocié entre les partenaires sociaux.
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