Quand il a lorgné sous le sapin, cette année, Emmanuel Macron a vu que le Père Noël* lui avait laissé un cadeau aux dimensions inhabituelles, dans un paquet clinquant, aguicheur mais biscornu. À l’intérieur, l’année à venir. Car 2022 s’accompagnera d’un double défi. À compter de janvier et pour six mois, la France prend les rênes du “jamboree” tournant de l’Union européenne, la présidence du Conseil de l’UE. Seulement voilà, Emmanuel Macron doit aussi faire campagne pour sa réélection à l’Élysée, en avril. Gouverner l’Europe –c’est sans doute comme ça qu’on dira, au pays – en même temps que l’Hexagone, c’est un peu la concrétisation d’un rêve pour Macron. Pour le reste des Européens, en revanche, ce cadeau fait au président pourrait s’avérer aussi bruyant, déconcertant et assommant qu’une trompette en plastique.

Ce n’est pas la première fois que la présidence tournante coïncide avec une échéance électorale en France. En 1995, un François Mitterrand mal en point avait assuré la présidence pendant quatre mois avant de passer le relais à son successeur, Jacques Chirac, pour les deux mois restants. Des bataillons de bureaucrates assurent la transition. De nos jours, la présidence interministérielle tournante de l’UE est d’ordre essentiellement procédural. La plupart des sujets qui seront abordés en 2022 – la réglementation des Big Tech, la lutte contre l’incitation à la haine sur Internet, l’instauration d’une taxe carbone aux frontières, le salaire minimum européen – sont en chantier à Bruxelles depuis plusieurs mois déjà.

La gigafactory de Douai incarne sa vision

Emmanuel Macron n’est pas homme à laisser la procédure desservir ses ambitions. Le 9 décembre dernier, sous les ors de l’Élysée, il proposait une avalanche d’idées derrière un intitulé énigmatique : “Relance, puissance, appartenance”. L’Europe, proclamait-il, finalisera une évaluation commune des menaces sécuritaires, discutera des nouvelles règles encadrant le déficit et la dette, se mettra d’accord sur les clauses environnementales à arrimer aux futurs accords commerciaux, lancera la réforme de Schengen, et plus encore. Il y aura des sommets sur l’océan, sur l’Afrique, sur un nouveau modèle de croissance européen et sur les Balkans occidentaux. L’objectif premier, précisait-il, est de façonner une Europe “puiss