Libéral conservatisme

En République tchèque, l’ex-général Petr Pavel remporte la présidentielle

Libéral conservateur et pro-Européen, l’ancien haut gradé de l’Otan a remporté l’élection présidentielle en République tchèque après le décompte de 90 % des bulletins, qui le créditent de 57 % des voix.
par Nelly Didelot
publié le 28 janvier 2023 à 15h57

Le général à la retraite de l’Otan Petr Pavel a remporté l’élection présidentielle en République tchèque après le décompte de 90 % des bulletins, qui le créditent de 57,07 % des voix. Son rival, l’ex-Premier ministre et milliardaire Andrej Babis, obtient 42,92 % des voix, selon les résultats du décompte publiés en direct sur le site du Bureau tchèque des statistiques.

Bien que son rôle soit essentiellement honorifique en République tchèque, le chef de l’Etat nomme le gouvernement, choisit le gouverneur de la banque centrale et les juges constitutionnels, et assure le commandement suprême des forces armées.

Avec cette élection se rejouait le match populisme versus centre droit classique qui avait déjà tourné à l’avantage du second lors des législatives de 2021. ANO, le parti de Babis, était alors arrivé légèrement en tête, mais la formation du gouvernement était revenue à l’alliance de deux coalitions libérales conservatrices. La victoire de Pavel vient consolider cette tendance. Après les deux mandats de Milos Zeman, qui n’a jamais caché ses sympathies pour Pékin et Moscou (jusqu’à l’invasion de l’Ukraine), ni son euroscepticisme, la Tchéquie retrouve un président qui prône le regard vers l’Ouest et le respect des valeurs européennes.

«Plus grande harmonie»

«Du point de vue institutionnel, le gouvernement et la présidence vont pouvoir travailler dans une plus grande harmonie, remarque Jacques Rupnik, directeur de recherche à Sciences-Po. Dans la région, Prague se démarque de la Hongrie et de la Pologne avec un gouvernement très attaché à l’Etat de droit et à la justice.» Si Babis, à la tête du gouvernement de 2017 à 2021, n’a jamais mené le pays vers une direction aussi inquiétante que celle prise par la Pologne ou la Hongrie, ses revirements constants et son implication dans des affaires de détournement de fonds européens avaient noirci l’image de Prague.

«Le groupe de Visegrád [organisation réunissant Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie, ndlr] est loin d’être un monolithe illibéral. La Tchéquie reste un pays qui cherche à jouer dans la cour des courants européens mainstream», confirme Lukas Macek, chercheur à l’Institut Jacques-Delors.

«Même si Pavel a été élu président, cela ne signifie pas que la République tchèque a tourné la page du populisme, prévient tout de même Michel Perottino, directeur du département de sciences politiques de l’université Charles de Prague. Le gouvernement de centre droit risque de devenir très impopulaire avec ses réformes des retraites et des impôts, et Babis pourrait revenir plus fort. Au premier tour, il a déjà obtenu plus de voix qu’en 2021.»

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