Les Européens ont à cœur de montrer qu’ils ont compris Volodymyr Zelensky, une semaine après son déplacement exceptionnel à Bruxelles, le 10 février dernier. Bon nombre des requêtes du président ukrainien ont été prises en compte dans le dixième paquet de sanctions proposé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Kiev demandait notamment de cibler l’industrie des missiles, des drones, et le secteur informatique.

Blocus électronique

Ce sera chose faite, a indiqué la cheffe de l’exécutif européen mercredi 15 février, devant les eurodéputés à Strasbourg. Certaines mesures restent classiques. En tout, 100 noms de personnes ou d’entité seront ajoutés à la liste noire du gel des avoirs et de l’interdiction de visa. Mais cette liste comporte des nouveautés : elle sera étendue pour la première fois aux responsables de la propagande de Poutine.

Autre avancée : la Commission propose pour la première fois de viser sept opérateurs iraniens dont les drones « tuent des civils ukrainiens », même lorsqu’ils sont liés aux Gardiens de la révolution. Bruxelles défend également « des contrôles sur 47 nouveaux composants électroniques pouvant être utilisés dans les systèmes d’armement russes, tels que les drones, les missiles, et les hélicoptères ».

Sanctions punitives et préventives

La Russie devrait être pénalisée à hauteur de 11 milliards d’euros via des interdictions commerciales ou des restrictions technologiques. Ce train de mesures ajoute une dimension aux précédentes, estime Cyrille Bret, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors spécialiste des sanctions. « Ce paquet n’est pas seulement punitif, ou symbolique après une année de guerre. Il se veut également préventif avant une grande offensive russe en préparation », estime le chercheur.

Le nouveau paquet doit encore être discuté en détail par les ambassadeurs de l’UE d’ici à mercredi prochain, avant d’être adopté à l’unanimité par les chefs d’États et de gouvernement dans les jours qui suivent.

Jusque-là, les 27 ont montré beaucoup de cohésion dans l’imposition des sanctions. « L’UE a été très réactive et solidaire, dans les dix jours après l’invasion du 24 février. La mécanique est désormais bien huilée, avec des lignes directrices claires », estime Cyrille Bret.

Des limites ont ainsi été fixées sur le rythme et l’intensité des sanctions, avec pour principe d’éviter les mesures qui font moins de mal à la Russie qu’à l’UE, étant donné l’importance des échanges avec Moscou.

Sur les hydrocarbures notamment, des dérogations ont été accordées à la Hongrie, pour ne pas risquer de mettre en péril l’unité européenne. Pour Cyrille Bret, le vrai test sera celui de la constance et de la patience. « Il faudra maintenir ces mesures assez longtemps pour qu’elles produisent leurs effets. Cela peut prendre une dizaine d’années ».

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