Emmanuel Macron, à l'ouverture du sommet européen de Versailles, avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, jeudi 10 mars 2022.

Emmanuel Macron, à l'ouverture du sommet européen de Versailles, avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, jeudi 10 mars 2022.

Ludovic MARIN/AFP

De Versailles à... Versailles. Avec l'espoir d'un nouveau départ dans la relation franco-russe, c'est dans le château de Louis XIV qu'Emmanuel Macron avait accueilli Vladimir Poutine, un mois après sa victoire à la présidentielle de 2017. Presque cinq ans plus tard, alors que s'achève son mandat, et en pleine présidence française du Conseil de l'Union européenne (UE), il y reçoit les autres Etats membres pour un sommet durant lequel, à nouveau, il sera beaucoup question de la Russie, dont l'armée mène une invasion de l'Ukraine.

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Originellement, les Vingt-Sept devaient plancher, ces jeudi 10 et vendredi 11 mars, sur le "nouveau modèle de croissance" de leur marché commun. Mais la guerre à l'Est a bousculé l'ordre du jour, même s'il sera toujours question de l'avenir de l'UE. Défense, indépendance énergétique, soutien à l'Ukraine : les sujets ne manquent pas.

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D'abord, l'énergie. Avec l'ambition de "porter un coup puissant à Poutine", le président américain Joe Biden a annoncé, mardi, l'interdiction d'importer aux Etats-Unis du pétrole et du gaz russe. L'UE se refuse, pour sa part, à un tel embargo. Et pour cause : la Russie assure 40% de ses besoins en gaz naturel et 30% en pétrole, tandis que les prix de l'électricité et du carburant à la pompe se sont envolés ces dernières semaines. Les discussions porteront, à ce stade, sur la façon de réduire la dépendance énergétique à Moscou.

Les dirigeants européens pourront notamment échanger sur le plan d'urgence dévoilé mercredi par la Commission, baptisé "REPowerEU". Il propose de mettre l'accent sur la production et l'importation de biométhane et d'hydrogène pour réduire la demande communautaire en gaz russe de deux tiers d'ici à la fin de l'année. La Commission souhaite également soumettre une proposition législative visant à assurer un niveau moyen de stockage de gaz d'au moins 90% d'ici à fin septembre.

L'idée d'un nouveau plan de relance

Autre enjeu : faut-il un nouveau plan de relance pour renforcer les capacités de défense de l'Europe ? Plusieurs pays ont annoncé un accroissement de leur budget militaire, à commencer par l'Allemagne, qui a débloqué 100 milliards d'euros pour moderniser son armée.

Depuis quelques jours, certains Etats membres évoquent la possibilité d'un nouvel emprunt européen commun, concentré sur les secteurs qui ont montré de la vulnérabilité depuis quelques semaines, telle la défense et l'énergie. Soit un plan de relance calqué sur le modèle de celui élaboré lors de la crise du Covid-19. La France et les pays latins sont plutôt pour. Les pays du Nord, à commencer par les Allemands, plutôt contre. "Il est possible qu'une partie des fonds prévus pour le plan de relance lié à la crise du Covid soient réorientés", précise Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors.

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A défaut d'un nouveau plan de relance, les Vingt-Sept pourraient prolonger jusqu'à fin 2023 la suspension du pacte de stabilité. "Les règles de calcul des déficits pourraient être revues, en excluant les investissements de défense en sus des investissements verts", poursuit-il. La question de la défense sera au menu du prochain sommet, à Bruxelles, les 24 et 25 mars prochains. A cette occasion, les Vingt-Sept doivent adopter leur "boussole stratégique", c'est-à-dire leur feuille de route en matière de défense, de sécurité et de politique étrangère. "Elle est en train d'être profondément remaniée, indique Sébastien Maillard. L'objectif est de profiter de l'unité des Etats membres pour la renforcer."

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen applaudit le président ukrainien Zelensky qui s'exprime en visioconférence lors d'une session du Parlement européen, le 1er mars 2022

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen applaudit le président ukrainien Zelensky, qui s'exprime en visioconférence lors d'une session du Parlement européen, le 1er mars 2022.

© / afp.com/JOHN THYS

Quelle marque de soutien à l'Ukraine ?

Enfin, les dirigeants continentaux devraient s'entretenir du soutien politique à apporter à Kiev, au-delà des livraisons d'armes et de l'aide humanitaire en cours. En réaction à l'invasion russe, la Commission européenne a ouvert la voie à une adhésion de l'Ukraine à l'UE. La démarche est avant tout symbolique, une adhésion nécessitant l'unanimité des Etats membres et plusieurs années d'évaluation.

Les députés européens ont néanmoins adopté, dans la foulée, une résolution - non contraignante - en ce sens, le 1er mars, après une intervention du président ukrainien Volodymyr Zelensky par visioconférence. Celui-ci s'est également exprimé devant la Chambre des communes du Royaume-Uni, mardi. "Ce serait un geste fort qu'il puisse prendre la parole devant les dirigeants européens lors du prochain conseil", plaide Sébastien Maillard. Et renforcer un peu plus la détermination des Vingt-Sept à l'encontre de Poutine.

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