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Monde

Enrico Letta au Conseil européen : "Soyez à la hauteur de l'immensité des défis"

Président de l'Institut Delors, l'ancien Premier ministre italien Enrico Letta lance un appel au Conseil européen qui se réunit ce jeudi 26 mars: "Le moment est historique. Soyez à la hauteur de l'immensité des défis". Il en appelle à la solidarité. "L'Histoire nous jugera."

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Enrico Letta, ancien ministre italien

Enrico Letta adresse un vibrant appel aux dirigeants européens.

JACQUES DEMARTHON / AFP

"Nous sommes à un moment historique. Nous avons besoin de réponses à la hauteur de l’immense défi." A quelques heures du Conseil européen, qui commence ce jeudi 26 mars à 15 heures, l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta a lancé un appel pressant. Depuis son appartement de Rome, il a conjuré les 27 chefs d’Etat et de gouvernement, qui se retrouvent pour une conférence virtuelle, d’avoir une vision. Digne, a t-il exhorté, de celles des "Mitterrand, Kohl et Delors".

Car, a-t-il insisté, dans le cadre d’un échange avec quelques journalistes de l’association Europresse, la crise du coronavirus est un "véritable concentré de crises, dont les enjeux sont à la fois sanitaires, économiques, sociaux et financiers". Elle aura un impact direct sur l’avenir de l’Union européenne.

Des médecins cubains en Italie

Il a évoqué le cas de son pays, frappé le premier par l’épidémie, qui s’est senti abandonné, et où l’euroscepticisme a grandi, au fur et à mesure qu’arrivaient dans la Péninsule du matériel médical de Chine, des médecins de Russie et de Cuba. "Des opérations de communication politique, bien sûr, a-t-il souligné, mais redoutablement efficaces."

Celui qui est directeur de la Paris School of International Affairs Sciences Po, et qui a quitté la France il y a une semaine, lorsque la rue Saint-Guillaume a fermé, a deux messages à faire passer aux dirigeants du Vieux Continent. D’abord, ils doivent la vérité aux Européens. "Il faut dire clairement que, contrairement à ce qu’affirme Trump, la crise ne sera pas finie pour Pâques. Elle s’inscrit dans la durée, pendant toute l’année 2020." D’ailleurs, a-t-il précisé, c’est à la Commission européenne, et non à eux 27, de piloter la crise et la sortie de crise. L’Italien a prévenu qu’il ne faut pas retomber dans les errements de 2008, où Barroso avait cédé les rênes aux capitales. Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente, "doit prendre la barre avec leadership". Et celui qui est aussi Président de l’Institut Delors de glisser, sourire en coin: "si Jacques Delors avait attendu à chaque fois le feu vert du Conseil européen pour agir, il aurait réalisé moitié moins de choses."

Autre ardente nécessité pour Enrico Letta: "apporter des réponses économiques et financières à la hauteur". Le bazooka déployé par la BCE est certes un signal très positif, mais d’autres acteurs doivent intervenir, à l’instar de la BEI (banque européenne d’investissement) "indispensable pour soutenir l’économie réelle", les entreprises, les PME, les salariés.

Déçu que les Pays-Bas prennent la place du Royaume Uni

L’ex-président du Conseil est revenu sur les bisbilles entre Européens, les égoïsmes qui se sont exprimés quand les premières frontières se sont fermées, début mars, les crispations qui grandissent, alors que 9 pays, dont l’Italie et la  France, cherchent à créer de vrais instruments de solidarité européenne. Ce pourrait être une forme de mutualisation des dettes, véritable chiffon rouge pour beaucoup de pays du Nord. Face à l’urgence comment vont réagir les uns et les autres?

Enrico Letta assure qu’il "n’est pas pessimiste sur l’Allemagne". En revanche, il estime "incompréhensible", la position des Néerlandais, qui n’ont pas pris de mesures de confinement et qui rechignent à mettre la main au pot. "Je suis très déçu de voir aujourd’hui les Pays Bas, membre fondateur de l’Europe, reprendre l’héritage de Mme Thatcher et devenir les 'Mister no' de l’Union."

"Ce n’est pas le moment des jeux politiques, a asséné l’Italien. L’heure est grave. Nous serons jugés par l’Histoire."

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