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Enrico Letta : « Nous faisons fausse route » sur l’élargissement de l’Union européenne

L’ancien président du conseil italien défend l’idée d’une confédération pour répondre aux aspirations européennes de l’Ukraine.

Propos recueillis par 

Publié le 09 mai 2022 à 11h37, modifié le 09 mai 2022 à 13h40

Temps de Lecture 2 min.

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Enrico Letta à Paris, le 14 janvier 2020.

Enrico Letta dirige depuis mars 2021 le Parti démocrate et préside l’Institut Jacques Delors. Il donne sa vision de l’élargissement de l’UE alors qu’Emmanuel Macron doit prononcer, lundi 9 mai, un discours devant le Parlement européen et clôre la Conférence sur l’avenir de l’Europe.

Comment répondre aux aspirations de l’Ukraine, qui presse l’Union européenne de l’accepter en son sein?

La procession actuelle des leaders européens et des dirigeants des institutions à Kiev me rappelle leurs visites dans les capitales d’Europe centrale, dans les années qui ont suivi la chute du rideau de fer. Elle ouvre un parcours fait de promesses, d’attentes, de frustrations et de déceptions sur la voie de l’Union européenne (UE). Nous sommes en train de faire fausse route. Quand on aura le courage de dire aux Ukrainiens qu’ils ne pourront pas entrer dans l’UE avant dix ans, je les vois devenir de grands fans des Etats-Unis plutôt que de l’Europe. Cela nourrit déjà les frustrations dans des Etats comme l’Albanie ou la Macédoine du Nord, qui se demandent s’il faut être envahi par la Russie pour obtenir des gages d’intégration. C’est pourquoi je propose la mise en place d’une confédération susceptible de répondre aux aspirations européennes des pays de la région, à commencer par celles de l’Ukraine.

Qu’apporterait cette formule ?

Cette idée reprend en partie celle émise sans succès par le président français François Mitterrand, en décembre 1989, un mois après la chute du mur de Berlin. Mais avec une différence de taille : il n’est pas question d’y associer la Russie. C’est même plutôt un instrument dirigé contre la Russie. Le déclenchement de la guerre, le 24 février, a complètement changé la donne.

A chaque Conseil européen, on pourrait se réunir à trente-six, pour bien signifier que les neuf pays aspirants à l’UE (Ukraine, Géorgie, Moldavie, Albanie, Macédoire du Nord, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie et Kosovo) sont entrés dans la famille européenne. Il faut un lieu multilatéral pour faciliter les relations entre la Commission européenne et les pays candidats, et pour que ceux-ci puissent se parler entre eux. Cela peut d’abord se mettre en place de façon très rapide et informelle, comme un G20, puis fonctionner sur la base d’un traité simplifié, facile à ratifier.

Ce serait une sorte d’antichambre avant d’entrer dans l’UE ?

Oui, c’est une façon d’éviter ce qui s’est passé avec le précédent élargissement, en 2004 : entre la chute du rideau de fer et leur adhésion, les pays concernés, comme la Pologne, la République tchèque ou la Hongrie, ont attendu plus de dix ans, en concurrence les uns avec les autres. Ce n’est pas un frein à l’entrée dans l’UE, mais un message fort d’intégration dans la famille européenne. Cette confédération pourrait ainsi permettre d’ouvrir un accès progressif au marché intérieur. A beaucoup plus long terme, après la guerre en Ukraine, on peut imaginer aussi que la clause d’assistance mutuelle (article 42.7) inscrite dans le traité européen soit élargie aux pays membres de la confédération.

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