Europe : le Pacte Vert sous pression russe : épisode • 2/4 du podcast Energie : la grande incertitude

Une turbine du gazoduc Nord Stream dans l’usine de Siemens Energy, où le moteur est entreposé après des travaux de maintenance réalisés au Canada, le 03/08/22 ©AFP - Sascha Schuermann
Une turbine du gazoduc Nord Stream dans l’usine de Siemens Energy, où le moteur est entreposé après des travaux de maintenance réalisés au Canada, le 03/08/22 ©AFP - Sascha Schuermann
Une turbine du gazoduc Nord Stream dans l’usine de Siemens Energy, où le moteur est entreposé après des travaux de maintenance réalisés au Canada, le 03/08/22 ©AFP - Sascha Schuermann
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Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine l'Europe affiche sa volonté de sortir de sa dépendance au gaz russe ce qui lui permettrait d'accélérer sa transition énergétique, mais face à l’urgence toutes les solutions sont mises sur la table y compris celles du retour aux énergies fossiles...

Avec
  • Thomas Pellerin-Carlin Directeur Europe de l’institut de l’énergie pour le climat
  • Carole Mathieu Responsable des Politiques européennes de l'énergie et du climat à l’IFRI (Institut français des relations internationales), auteure de la note « L’alliance européenne des batteries passe à la vitesse supérieure », publiée en mai 2019 pour l’IFRI
  • Paul Gradvohl Historien, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste de la Hongrie

La guerre russo-ukrainienne a rappelé une réalité déjà constatée à plusieurs reprises par le passé : l’Europe dépend largement des exportations d’hydrocarbures russes - jusqu’à 40% pour le gaz - et Moscou n’hésite pas à exploiter cette faille pour peser politiquement sur ses partenaires du Vieux Continent. Ces derniers jours, plusieurs événements illustrent ce rapport de force : arrêt “jusqu’à nouvel ordre” de Nord Stream I pour des opérations de maintenance et l'annulation des livraisons de Gazprom vers l’entreprise française Engie. En bout de chaîne, les prix du gaz et de l’électricité atteignent des niveaux records, poussant samedi dernier 70 000 Tchèques dans les rues de Prague pour protester contre le coût de la vie et le soutien du gouvernement à Kiev. Face à ces remous, Bruxelles tente pour sa part d’éviter le black-out cet hiver mais aussi d’accélérer la transition énergétique appelée par Ursula von der Leyen depuis son arrivée à la tête de la Commission européenne.

Le chantage gazier russe est-il un frein ou un moteur au grand virage écologique européen ? L’Europe entre-t-elle dans une ère de sobriété ou bien dans une période de chaos économique intense ? Et enfin, à quelles nouvelles formes de dépendance l’Europe s’expose-t-elle dans sa course effrénée pour trouver des alternatives au gaz russe ?

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Pour répondre à ces questions, Florian Delorme reçoit Thomas Pellerin-Carlin , directeur du centre énergie à l’Institut Jacques Delors et  Carole Mathieu , chercheure au Centre énergie et climat de l’IFRI et collaboratrice au Ramsès 2022 et au Ramsès 2023 au chapitre sur la sécurité énergétique.

"Nous sommes en train de vivre la quatrième crise gazière européenne et c'est clairement la plus grave. Heureusement, après les deux premières, l'Union européenne a réagit et a mis en place certains dispositifs comme l'Union de l'énergie", explique Thomas Pellerin-Carlin au sujet des conséquences négatives comme positives du chantage gazier russe sur l'approvisionnement en énergie des pays européens.

"La première expression de la solidarité énergétique européenne c'est de préserver le fonctionnement du marché intérieur. La deuxième, qui existe, c'est l'effort de concertation entre les pays européens autour des plans d'urgence." , observe Carole Mathieu à propos des potentielles formes de solidarités au sein des Etats membres révélées par la crise énergétique .

Seconde partie : le focus du jour

Hongrie : le pari russe

Le premier ministre hongrois Viktor Orban lors d'une réunion au sommet de l'Union européenne à Bruxelles le 25/05/22
Le premier ministre hongrois Viktor Orban lors d'une réunion au sommet de l'Union européenne à Bruxelles le 25/05/22
© AFP - John Thys

Si la guerre en Ukraine pousse l’Union européenne et la grande majorité de ses Etats membres à trouver des alternatives de court et long terme à la manne gazière russe, des exceptions demeurent. Le chef de l’Etat hongrois Viktor Orban, qui cultive des liens étroits avec Vladimir Poutine, a fait le pari inverse. Alors que Gazprom a annoncé l’arrêt de Nord Stream I pour maintenance, Budapest a obtenu mercredi dernier la livraison quotidienne de près de 6 millions de mètres cubes de gaz supplémentaires. Une annonce qui donne du crédit aux choix stratégiques tranchés de Viktor Orban, en dépit des critiques formulées par Bruxelles.

Avec Paul Gradvohl, spécialiste de l’Europe centrale et professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Références sonores

  • Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, reconnaît l’incertitude qui entoure l’hiver à venir et rappelle les efforts qui seront probablement nécessaires pour le passer sans coupure d’électricité ou de gaz (France Info -30/08/22)
  • Marie Toussaint , eurodéputée de la Commission industrie, recherche et énergie, insiste sur la nécessité d’engager une transition énergétique européenne rapide au-delà de l’urgence de trouver une alternative au gaz russe cet hiver (France 24-31/08/22)
  • Le chancelier Olaf Scholz annonçant que l’Allemagne passera l’hiver sans coupures notamment grâce à la réouverture de centrales à charbon (AFP - 4/09/22)
  • La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen annonçant que Bruxelles se préparait à présenter un projet de réforme du marché européen de l’électricité (Euronews-29/08/22)
  • Peter Szijjarto*,* ministre des Affaires étrangères hongrois, se réjouit du partenariat avec Rosatom, l’opérateur nucléaire russe avec qui Budapest vient de passer un contrat pour la construction de deux nouveaux réacteurs sur sa centrale de Paks (Facebook - 31/08/22*)*

Références musicales

  • "Silentium garix" de Pantha du Prince

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