Explosion sur le pont de Crimée : pourquoi c’est un coup dur pour Poutine et la Russie

Capture d’écran d’une vidéo de l’explosion du pont de Crimée, le 8 octobre 2022.

Capture d’écran d’une vidéo de l’explosion du pont de Crimée, le 8 octobre 2022. - / AFP

Ce pont est une infrastructure essentielle pour le ravitaillement russe en Crimée, et un symbole de l’annexion de la péninsule ukrainienne.

Le réveil a probablement été douloureux pour les dirigeants russes, et en premier lieu pour le premier d’entre eux, Vladimir Poutine. Au lendemain de son 70e anniversaire, une explosion a gravement endommagé l’important pont reliant la Crimée annexée par Moscou au continent, samedi 8 octobre. L’incendie a forcé l’arrêt du trafic par le rail et par la route.

Si l’Ukraine n’a pas, pour l’instant, revendiqué être à l’origine de l’explosion, celle-ci apparaît comme un vrai coup dur pour la Russie. Cette infrastructure, inaugurée en 2018 par Vladimir Poutine, et longue de 19 kilomètres, joue en effet un rôle crucial pour le pays : elle est essentielle au transport des personnes et de marchandises vers la péninsule, mais aussi des troupes déployées en Ukraine et des fournitures militaires. « C’est la principale porte d’entrée pour approvisionner l’armée russe en Crimée », expliquait ainsi en août dernier Mikhaylo Podolyak, l’influent conseiller du président Volodymyr Zelensky. Le conseiller ne faisait d’ailleurs pas mystère de la volonté de l’Ukraine de s’y attaquer.

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Quelles seront les conséquences de cette explosion ? Les chaînes « d’approvisionnement civiles et militaires en Crimée » seront affectées, estime le chercheur Cyrille Bret, de l’Institut Jacques-Delors. « Ce pont sert à acheminer tout ce dont manque la Crimée : des matériaux de construction, des denrées…, détaille le géopoliticien sur franceinfo. La Crimée est un territoire un peu sous-développé d’un point de vue économique. Il sert évidemment à transporter également du matériel militaire. »

Un emblème de l’annexion de la Crimée

Bâti sur le détroit de Kertch, le pont est donc une infrastructure clé. Mais elle est aussi et surtout un symbole, celui de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Dans un article consacré à sa construction, « le Monde » expliquait en 2019 que ce pont, dont « Staline avait rêvé », était devenu un « emblème », « que l’on retrouve sous forme de tee-shirts ou de tasses, dans les magasins de souvenirs de la ville de Kertch ». Le pont a été construit à grands frais et inauguré en 2018 par Vladimir Poutine en personne.

« Cette explosion frappe le cœur du prestige de Vladimir Poutine », analyse ainsi Andrew Roth, correspondant à Moscou du « Guardian ». « Il est parti en guerre pour prendre Kiev et découvre qu’il ne peut même pas protéger la Crimée. Il va chercher un moyen de réagir », estime le journaliste, dans un message posté sur Twitter.

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