A Petershagen (Allemagne), dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, les fumées de la centrale à charbon Heyden-4, du fournisseur Uniper, sont de nouveau visibles depuis lundi 29 août. Après celle de Mehrum, près de Hanovre (Basse-Saxe), cette usine est la deuxième à reprendre du service outre-Rhin, en vue de pallier les livraisons déclinantes de gaz russe.
Dès la fin juin, la coalition du chancelier Olaf Scholz a donné son feu vert au redémarrage de vingt-sept centrales à charbon, et ce jusqu’en mars 2024. Cette décision, qui contrevient à la lutte contre les gaz à effet de serre, le gouvernement allemand n’est pas le seul à l’assumer.
Au sein de l’Union européenne (UE), nombre de pays – Autriche, Italie, Pays-Bas, France – ont annoncé leur volonté de prolonger ou de relancer des centrales déjà fermées afin de tenter de passer sans encombre les prochains mois. « C’est désastreux mais c’est un mal nécessaire si l’UE veut éviter, au mieux, des coupures cet hiver », concède Simone Tagliapietra, expert en énergie au centre de réflexion Bruegel. A condition, toutefois, met-il en garde, « que ce recours ne se fasse que très ponctuellement, un ou deux hivers, pas plus, et à très faible dose ».
Selon plusieurs think tanks, réactiver ces centrales en Europe pourrait générer entre 100 térawattheures (TWh) et 200 TWh supplémentaires – soit un quart ou la moitié du parc nucléaire français en 2019, en temps normal. Ce qui est loin d’être négligeable.
« Si on retire 40 % de la production d’électricité à partir de gaz, soit le ratio correspondant aux importations de gaz russe en 2021, la moitié pourrait être comblée à court terme par un recours plus important à la production des centrales à charbon, l’autre moitié par des réductions de la demande d’électricité, la prolongation de centrales nucléaires existantes et l’accélération du développement des renouvelables », détaille ainsi Nicolas Berghmans, expert à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) sur les questions d’énergie.
A rebours de l’histoire récente
Dans ce contexte, la France n’exclut pas de recourir à la centrale de Saint-Avold (groupe GazelEnergie, filiale d’EPH, dont le PDG, Daniel Kretinsky, est actionnaire indirect du Monde), en Moselle, qui pourrait venir compléter celle de Cordemais (Loire-Atlantique), la seule à fonctionner aujourd’hui. Voté en juillet, le projet de loi sur le pouvoir d’achat comprend un cadre juridique visant la réouverture du site mosellan. Le texte prévoit le relèvement des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre en cas de « menace sur la sécurité d’approvisionnement en électricité », à la condition, toutefois, de « compenser » ces rejets.
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