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Forum mondial Normandie pour la paix à Caen : deux jours pour faire tomber les murs

Organisé depuis vendredi 23 septembre 2022 à Caen, le Forum mondial Normandie pour la Paix a mis un terme à ses échanges vingt-quatre heures plus tard. Les murs, thématiques des deux jours, ont été au cœur des débats.

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La question des murs était une nouvelle fois à l’ordre du jour de la deuxième et dernière journée du Forum mondial Normandie pour la Paix, organisé par la Région Normandie. Après le sujet consacré aux « murs, obstacles à la paix », vendredi, celui des murs « à faire tomber » a été abordé samedi 24 septembre 2022 dans la matinée, en présence du ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, venu introduire les débats.

Il a rappelé que « seul le droit permet d’éviter les murs d’escalade. Ne confondons pas mur et ordre. » L’allusion au conflit entre l’Ukraine et la Russie est à peine voilée. Conflit dans lequel les alliances, comme l’Otan ou l’Union européenne, « ont tenu, même si les murs se sont décalés », a souligné Sébastien Lecornu.

« Réfléchir aux murs qui sont chez nous »

Mais le ministre n’a pas voulu limiter son regard à l’étranger : « Il faut aussi réfléchir aux murs qui sont chez nous, au sein même de la démocratie française. Or, ils constituent un défi majeur pour nos modèles, qui seront toujours plus vulnérables qu’un certain nombre de pays autocratiques. »

Face aux menaces multiples qui se déploient, les seules armées et les seuls diplomates ne sont plus uniques pour contribuer à la paix. « N’oublions pas la résilience du corps social », a indiqué le ministre.

Du mur au fossé

Lors de la table ronde qui a suivi, Nicole Gnesotto, professeure émérite du CNAM, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors, a fermement rappelé qu’« aucun mur n’est infranchissable, la preuve en 1989 ». D’un mur à un autre, Delphine O, ambassadrice, secrétaire générale du Forum génération égalité, a préféré évoquer « le fossé des valeurs qui se crée entre les démocraties libérales et les régimes autoritaires. Dans les nouveaux champs de conflictualité, la question des inégalités est fondamentale et doit être traitée y compris par la diplomatie conventionnelle, qui doit sortir de ses murs pour aborder ces sujets. »

« On a réussi avec l’Allemagne »

Également abordée, la question mémorielle peut aussi constituer un mur. « Elle est au cœur des relations entre nos deux pays, a insisté Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, en poste là-bas pendant huit ans. La mémoire et l’histoire constituent aujourd’hui des obstacles et des murs. On a réussi avec l’Allemagne. Réussira-t-on avec l’Algérie ? »

Le mur peut aussi être invisible, comme l’a expliqué Jean-François Di Meglio, président d’Asia centre, à propos du détroit entre Taïwan et la Chine : « Il n’est pas certain qu’il protège le statu quo. » Le numérique peut aussi être un mur avancé par des régimes autoritaires. « Mais ces murailles ne sont pas infranchissables. Couper Internet incite au contraire les populations à accéder à des moyens détournés de communication, mais vous freinez en même temps vos propres forces », veut croire Benoît Thieulin, ancien attaché commercial à l’ambassade de France en Indonésie. Un signe d’espoir que les murs peuvent aussi avoir des trous.

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