Le président du Conseil italien Mario Draghi a reçu le président américain Joe Biden le 29 octobre , la veille du G20 organisé à Rome

Le président du Conseil italien Mario Draghi a reçu le président américain Joe Biden le 29 octobre , la veille du G20 organisé à Rome

Antonio Masiello / Getty Images via AFP

Huit mois après être sorti de sa retraite, l'ancien patron de la BCE Mario Draghi peut savourer son retour en politique. Le voici sous les projecteurs internationaux à l'occasion du G20 qui s'ouvre ce samedi à Rome, sommet rassemblant chaque année les vingt pays les plus riches de la planète. "La séquence est bienvenue pour lui dans la mesure où cela place l'Italie au coeur de l'attention mondiale", résume Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors.

Publicité

Le marathon diplomatique a d'ores et déjà débuté vendredi pour "Super Mario" : un entretien avec le président américain Joe Biden (à l'issue de la rencontre de ce dernier avec le pape François). Suivi d'un tête à tête avec Emmanuel Macron, l'un de ses plus proches alliés, avec qui il a même fêté ses 74 ans dans un restaurant de Marseille en septembre dernier. De quoi défricher les thèmes du G20 - à la veille de la COP26 débutant à Glasgow - dont les discussions porteront sur le climat, la lutte contre le Covid et la relance économique.

LIRE AUSSI : France-Italie : Macron et Draghi, le nouveau tandem qui monte dans l'UE

Le président du Conseil italien arrive en position favorable. Mario Draghi a annoncé jeudi qu'il prévoyait une croissance "probablement bien supérieure à 6%" en 2021, alors que l'Italie avait vu son PIB plonger de 8,9% en 2020 sous l'effet de la crise sanitaire, soit sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.

Nouvel homme fort de l'Italie

Dans ce contexte économique positif, le président du Conseil italien a prévu 12 milliards d'euros de baisse d'impôts dans sa loi de finances de 2022, auxquels s'ajouteront de nouvelles diminutions à hauteur de 28 milliards en 2023 et 2024. Le fait que l'Italie doive toucher 191,5 milliards d'euros lors des cinq prochaines années, dans le cadre du plan de relance européen, n'est pas étranger à ce climat optimiste.

Sur le front sanitaire aussi l'Italie fait figure de bon élève en Europe, enregistrant cette semaine la plus faible progression du nombre de contaminations du Vieux Continent, après l'Espagne. Le contraste avec le Royaume-Uni - qui accueille la COP 26 dès dimanche - est frappant. Là où l'on recense en moyenne 42 000 cas quotidiens outre-Manche, ce chiffre est inférieur à 4000 en Italie. De même, avec 72% de sa population bénéficiant d'une vaccination complète, le pays se place parmi les champions européens.

LIRE AUSSI : Mario Draghi, la montée en puissance d'un leader européen

La stratégie de Mario Draghi, consistant à accroître la pression sur les non vaccinés, a payé. Après avoir mis en place son "Green Pass" (le passe sanitaire italien) dès cet été pour les repas en intérieur et certains loisirs, le président du Conseil italien l'a rendu obligatoire pour tous les travailleurs le 15 octobre. En dépit des manifestations survenues dans la foulée, la cote de popularité de Super Mario reste enviable (54,2%), et supérieure à celle de son gouvernement (47,4%), d'après un sondage Euromedia Research publié cette semaine.

"Il y a une réelle dynamique en ce moment derrière Mario Draghi, avec ce sentiment que l'Italie est de retour et peut faire entendre sa voix, après des années plus difficiles sous la coalition formée par la Ligue [extrême droite] et le Mouvement Cinq Étoiles [antisystème]", souligne Sébastien Maillard. Mais pour combien de temps encore ? Le mandat du président italien Sergio Mattarella - qui avait chargé Mario Draghi de former un gouvernement en février - doit prendre fin en février 2022. Et certains spéculent déjà sur l'envie du nouvel homme fort de l'Italie de prendre sa succession.

Publicité