TotalEnergies a annoncé lundi, dans un communiqué, avoir découvert « plusieurs intervalles de réservoir carbonaté de bonne qualité » et a confirmé « une épaisseur nette à gaz de plus de 260 mètres ». Cette découverte a été réalisée dans le puits Cronos-1, « situé à environ 160 km au sud-ouest des côtes chypriotes », selon le groupe français, qui se félicite : « Cette réussite […] est une nouvelle illustration de l’impact de notre stratégie d’exploration qui se concentre sur des ressources à faible coût technique et à faibles émissions ». Le puits exploré se trouve dans le bloc 6, dont TotalEnergies détient 50 %. Eni, qui détient aussi 50 %, en est l’opérateur.
2 Est-ce la première découverte dans la zone ?
Non. En février 2018, TotalEnergies et Eni avaient découvert un gisement de gaz auprès du puits Calypso, une autre zone du même bloc. « Les données obtenues sur les forages exploratoires, à une profondeur de 3 827 mètres, montrent l’existence d’une vaste colonne de gaz pure », déclarait George Lakkotrypis, le ministre chypriote de l’Énergie.
Ça ne représente pas grand-chose. C’est l’équivalent de la consommation européenne d’un mois et demi, deux mois maximum
3 Quelle est la quantité espérée ?
Des études sont « en cours pour évaluer les options en vue d’un développement rapide », précise Eni, qui évoque 70 milliards de m3. « Ça ne représente pas grand-chose », tempère Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Centre énergie de l’Institut Jacques-Delors. « C’est l’équivalent de la consommation européenne d’un mois et demi, deux mois maximum », sachant que la consommation totale, sur une année, représente 400 milliards de m3 par an.
4 Quelles sont les conséquences de cette découverte ?
Ce gisement n’aura « aucun impact » à court terme, « les quantités [étant] trop faibles pour changer quoi que ce soit au niveau européen », précise Thomas Pellerin-Carlin. Le spécialiste prend un exemple concret : « Si on avait rénové les bâtiments, comme le prévoit le Grenelle de l’Environnement, on aurait économisé une quantité de gaz supérieure » au potentiel de ce gisement. De plus, « il faut plusieurs années pour obtenir les permis et pour réaliser les forages ».
5 À qui peut-elle profiter à long terme ?
Si le transport du gaz se fait par gazoduc, les pays à proximité vont en bénéficier comme Israël, la Turquie ou la Grèce. Si c’est du gaz naturel liquéfié (GNL), il pourrait aller vers la France, l’Italie ou l’Espagne. Cette découverte pourra aussi profiter à TotalEnergies et Eni, à long terme, au vu des prix du gaz qui vont « continuer à grimper », selon Thomas Pellerin-Carlin. « En 2010, le mégawattheure coûtait 15 €. Il est désormais au-dessus de 250 €, soit une augmentation de plus de 1 000 % ! »
D’un point de vue sécuritaire, en revanche, c’est une « mauvaise nouvelle ». Cette découverte intervient dans un contexte de forte tension énergétique en Europe, qui tente de réduire sa dépendance au gaz russe. Mais il faudra plusieurs années pour voir potentiellement un résultat, sachant que plusieurs pays peuvent être des obstacles dans cette zone : la Syrie, Israël ou le Liban notamment.