Gaz, électricité... la France va-t-elle être à sec cet hiver?

TotaEnergies, EDF et Engie ont lancé un appel dimanche 26 juin dans les colonnes du JDD pour inciter les Français à freiner leur consommation d’énergie afin d’éviter les pénuries. Concrètement, la France peut-elle se retrouver à sec cet hiver? Décryptage.

Amandine Collongette Publié le 27/06/2022 à 18:21, mis à jour le 27/06/2022 à 18:52
Illustration gaz Photo DR

La France va-t-elle faire face à une crise énergétique cet hiver? La réponse des spécialistes est unanime: oui. 

Les trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie ont d’ailleurs lancé un appel dimanche via une Tribune parue dans le JDD demandant aux Français de réduire immédiatement leur consommation de carburant, de pétrole, d’électricité ou de gaz. Pourquoi? À cause du risque de flambée des prix et du risque de pénurie. 

"Cet appel est légitime. Il règne de la part de la classe politique une certaine forme d’irresponsabilité. Bien sûr que l’on va être à sec si nous allons au bout de l’embargo sur le gaz russe. Nous ne pouvons pas nous passer en totalité du gaz russe puisque ce même gaz russe sert à produire l'électricité française"analyse Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières, professeur à l’Université Paris Dauphine.

Pour Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste de la géopolitique de l'énergie, cette crise énergétique n'est pas uniquement liée à la situation en Ukraine, et dure depuis plus d’un an. "Vient s’ajouter à cette crise, des problèmes de corrosion sur des réacteurs nucléaires avec la moitié des réacteurs français à l’arrêt, plus aux États-Unis une unité de production de Gaz Non Liquéfié à l’arrêt. Cette crise gazière se transforme en crise électrique. Même en été, on voit l’équilibre offre demande se tendre dramatiquement. On peut imaginer que l’hiver sera très chaud en matière énergétique."

Des coupures d’électricité cet hiver en France

Les spécialistes dénoncent l’inaction des différents gouvernements et le manque cruel d'investissement en matière d’énergies renouvelables comme les projets solaires et éoliens.

Avec une vague de froid importante cet hiver, les Français pourraient connaître des coupures d’électricité.

Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie de l'Institut Jacques Delors, tire la sonnette d'alarme et appelle à une mobilisation nationale pour l’économie d’énergie: "il y a une cinquantaine de mesures à prendre si on veut trouver des solutions. Avec des mesures très symboliques et très puissantes, comme arrêter de consommer de l’électricité pour la publicité, que ce soit dans les vitrines, dans les halls d’hôtels… Puis il y a des mesures applicables aux citoyens. En été, il faut arrêter de climatiser les bureaux et les habitations à tout va, arrêter de chauffer les piscines… Ça nous permet de ne pas brûler de gaz pour produire de l’électricité, et donc de stocker des molécules de gaz pour cet hiver.

Autre mesure défendue par Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie de l'Institut Jacques Delors, chauffer au minimum son habitat l’hiver:"il faudra que l’on accepte de ne pas se chauffer à plus de 18 degrés. Et même descendre à 16 degrés pour les adultes en bonne santé."

La faute à qui?

"On a fait une erreur en pensant qu’avec la transition énergétique les gens allaient consommer moins. Ça n’a pas marché. Les investissements nécessaires n’ont pas été faits pour produire plus de gaz, plus d’électricité, et plus de charbon. Tout le monde était bercé d’illusions. On a fermé plus de centrales nucléaires que l'on en a ouvert. Le problème de l’énergie, c’est un temps long. Nous venons d’atterrir, le bitume est dur. On arrive à la fin de l’équation. La crise énergétique va durer au moins cinq ans" ajoute Thierry Bros, professeur à Sciences Po et spécialiste de la géopolitique de l'énergie.

À titre individuel, les spécialistes de l’énergie donnent des conseils aux particuliers pour consommer moins d’énergie: faire des travaux de rénovation énergétique de sa maison en installant des volets par exemple, dépoussiérer l’arrière de son frigidaire permet aussi de moins consommer d’électricité, ou encore vérifier que son chauffe-eau soit réglé entre 55 et 60 degrés.

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