Guerre en Ukraine : l'économie française va-t-elle être vraiment impactée ?

Céréales, gaz, métaux... L'invasion russe en Ukraine risque de provoquer une réaction en chaîne sur l'approvisionnement en Europe et une hausse des prix.

Un champ de blé en Ukraine
Un champ de blé en Ukraine (©Nikolais / Adobestock)
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« Notre agriculture, notre industrie et de nombreux secteurs économiques souffrent et vont souffrir. » Emmanuel Macron a donné le ton, mercredi 2 mars 2022. Lors de son allocution à la télévision consacrée à la guerre en Ukraine, le chef de l’État a insisté sur les effets de l’invasion russe sur notre économie. 

Va-t-elle vraiment impacter les consommateurs français, leur quotidien et leur portefeuille ? « Les effets immédiats ne seront pas aussi forts que ceux de la crise du Covid-19 et de la crise financière de 2008 », nuance Pierre Jaillet, économiste et chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et à l’Institut Jacques-Delors. 

Nous n'allons pas entrer dans une économie de guerre et subir des pénuries. Il y aura un impact, mais il sera marginal.

Pierre JailletEconomiste et chercheur

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Peu d’exportations en Russie

Comme le rappelle le chercheur, la Russie, qui est une « petite économie », n’est pas un marché central pour la France. « Le pays ne représente que 1%, 1,5% de nos exportations. » Sur ce point, l’industrie et l’agriculture françaises seront relativement épargnées.

Toutefois, des conséquences directes sur les produits de grande consommation sont à craindre. 

« Le principal impact sera sur les prix de l’énergie, la Russie étant un exportateur de gaz naturel. » La France, avec sa production d’électricité d’origine nucléaire, n’est pas aussi dépendante que certains de nos voisins européens du gaz russe. Il représente 17% de notre importation (le gaz ne représentant que 20% de notre consommation d’énergie), soit beaucoup moins que l’Allemagne (64%) ou la République tchèque (100%) d’après Eurostat

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Surréaction des marchés

Mais par effet domino, puisque nous sommes intrinsèquement liés aux autres membres de l’Union européenne avec la libre-circulation des biens, l’augmentation du coût de l’énergie va davantage se traduire sur les produits : les industriels vont devoir dépenser plus pour produire et vont ainsi répercuter cette hausse sur les prix. 

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Autres points, « l’aspect psychologique de ce conflit et la nervosité des marchés », selon Pierre Jaillet.

Cette guerre fait surréagir les investisseurs. Ils craignent une pénurie et cette crainte se répercute sur les prix. On le voit avec celui du baril qui a bondi ces dernières semaines.

Pierre Jaillet

En plus de l’inflation liée à la reprise économique, cette situation a une incidence très forte sur les carburants, qui ne cessent de flamber, battant record sur record. 

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La Russie et l’Ukraine représentent 30% de la production de blé

Sur les produits agricoles et alimentaires, peut-on également craindre une hausse ? « La Russie et l’Ukraine sont parmi les plus grands producteurs de céréales au monde (30% à eux deux), indique l’économiste. Il est possible que, par une réaction en chaîne, l’importation de leurs denrées se répercute sur nous, mais dans quel délai, dans quelle mesure, c’est difficile à dire. »

Le blé meunier a explosé de près de moitié depuis novembre 2021. Il se monnaye aujourd’hui 435 euros la tonne sur le marché européen. Cette hausse risque d’interrompre les exportations et d’impacter les éleveurs notamment, mais les économistes s’accordent à dire que l’Union européenne sera touchée dans une bien moindre mesure. 

D’autant que l’UE, l’une des plus grandes puissances commerciales au monde, a la capacité de s’autogérer sur le plan agricole et n’a pas besoin de la Russie, ni de l’Ukraine, pour la grande majorité de ses produits.

Des pénuries de certains métaux sont à craindre

« Ce n’est toutefois pas le cas pour certains métaux, comme l’aluminium, le palladium, le titane ou encore le nickel, dont la Russie est un fournisseur clé pour l’Europe. Pour le moment, les industriels ont des réserves, mais si le conflit venait à perdurer, tout comme les sanctions, on pourrait craindre des pénuries dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique… »

L’aluminium a d’ailleurs dépassé pour la première fois la barre des 4000 dollars la tonne. Le cuivre et le palladium ont atteint des niveaux historiques.

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« Un plan de résilience économique »

Le gouvernement français a annoncé « un plan de résilience économique » qui vise à aider les entreprises et les secteurs les plus touchés par cette crise.

Le Premier ministre Jean Castex a indiqué, ce jeudi 3 mars, qu’il les soutiendrait en proposant des solutions concrètes et en fonction des besoins. Des réunions sont prévues dans les prochains jours, auxquelles participeront également les partenaires sociaux. 

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