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Guerre en Ukraine : les flux migratoires vers l'Union européenne à un niveau record

Les flux de réfugiés ukrainiens ont fait bondir les arrivées d'étrangers en Europe. Plus généralement, la population étrangère a fortement progressé dans des pays comme l'Allemagne ou l'Espagne ces dernières années, pour compenser le vieillissement démographique.

Chantier à Dortmund. En Allemagne, la part des étrangers non européens dans la population dépasse 9 %, contre 6 % en France.
Chantier à Dortmund. En Allemagne, la part des étrangers non européens dans la population dépasse 9 %, contre 6 % en France. (Ina FASSBENDER/AFP)

Par Vincent Collen

Publié le 27 mars 2024 à 16:12Mis à jour le 27 mars 2024 à 16:44

La guerre en Ukraine a provoqué l'un des déplacements de population les plus massifs de l'histoire de l'Union européenne. Quelque 5,1 millions de migrants dans le bloc de vingt-sept pays en 2022, l'année de l'invasion russe, montrent les données publiées ce mercredi par Eurostat.

Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis le début de la série statistique, démarrée en 2013. Beaucoup plus, donc, que lors de la crise migratoire syrienne en 2015, où les flux étaient restés inférieurs à 3 millions. Si l'on exclut la période du Covid, les flux de migrants vers l'UE étaient compris entre 2 et 3 millions par an depuis le milieu de la décennie 2010.

Choc

Et encore, les chiffres d'Eurostat, qui ne détaillent pas les nationalités d'origine, n'incluent pas les réfugiés ukrainiens dans certains Etats membres, dont la Pologne, où ils se sont installés en masse. Les chiffres réels sont donc nettement plus élevés. Dans l'autre sens, un million de résidents européens ont quitté l'Union européenne en 2022, un chiffre à peu près stable depuis dix ans.

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« L'afflux d'étrangers dans l'Union en 2022 représente environ le double de ce qui était constaté les années précédentes, cela démontre le choc démographique que constitue l'arrivée des Ukrainiens dans certains pays », commente Jérôme Vignon, spécialiste des questions migratoires à l'institut Jacques-Delors. L'Allemagne , la Pologne, la République tchèque arrivent en tête des pays d'accueil.

La France en queue de peloton

La France est en queue de peloton : en 2022, elle n'a accueilli que 246.000 migrants issus d'un pays extérieur à l'UE, contre… 1,6 million en Allemagne ou 925.000 en Espagne. Par rapport à sa population, l'Hexagone affiche l'un des taux les plus faibles, avec seulement 6 migrants pour 1.000 habitants cette année-là. Seules la Bulgarie et la Slovaquie ont fait moins en 2022. Le taux était de plus de 20 pour 1.000 en Espagne, en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en République tchèque, en Irlande

Si l'on exclut l'année 2022, exceptionnelle à cause de l'Ukraine, le solde migratoire de l'UE (les entrées moins les sorties) représentait environ 1,5 million de personnes par an ces dernières années. « Cela correspond, en gros, aux besoins du marché du travail », poursuit Jérôme Vignon. Cette tendance s'est renforcée après le Covid : les trois quarts des emplois créés en Europe depuis la fin 2019 sont allés à des immigrés , soulignent les économistes.

6 % d'étrangers dans l'Union européenne

La population étrangère est devenue importante dans certains pays de l'Union. Les étrangers extérieurs à l'UE représentent 9,1 % de la population en Espagne au 1er janvier 2023, où les arrivées de Latino-Américains ont été importantes ces dernières années, et 9,1 % aussi en Allemagne. La population étrangère non européenne dépasse 9 % également en Autriche. La France (6 %) et l'Italie (6,4 %) se situent dans la moyenne de l'Union (6,1 %). La proportion est beaucoup plus faible dans les pays d'Europe centrale et orientale.

« L'Allemagne et l'Espagne ont eu besoin de plus de migrants que la France en raison d'un vieillissement démographique plus marqué », explique Jérôme Vignon. Globalement, les flux entrants dans l'Union européenne « ne permettront très probablement pas à eux seuls d'inverser la tendance au vieillissement de la population en cours dans de nombreuses régions de l'UE », note Eurostat.

Vincent Collen

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