La réaction des marchés ne s’est pas faite attendre. Ce jeudi, alors que les premières troupes russes entraient en Ukraine, les cours du gaz ont explosé sur les plateformes européennes. Sur le marché TFF (Title Transfer Facility) néerlandais, la place de référence du gaz naturel, les prix à un mois ont explosé de 50% sur la seule journée d’hier, atteignant jusqu’à 140 euros le mégawattheure (MWh). “On est bien en-dessous des record historiques de la fin décembre 2021, mais on reste dans une tranche élevée de la moyenne des prix du gaz. Et ça reste très élevé par rapport à 2018 ou 2019”, analyse Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Centre Energie de l'Institut Jacques Delors. “Face à la volatilité des cours, les fournisseurs ont même gelé leurs cotations, car ils risquaient de ne pas pouvoir se couvrir”, relève Jean-Marc Dubreuil, associé de WattValue.

Preuve de cette extrême volatilité, les prix sont repartis à la baisse ce matin, repassant même par moments sous les 100 euros le MWh. “Ceci pourrait s’expliquer par l’anticipation de sévères sanctions internationales contre la Russie, comme son exclusion du réseau interbancaire Swift. Et comme cela ne s’est pour le moment pas matérialisé, les marchés se seraient légèrement calmés. Mais ce n’est qu’une hypothèse”, avance Thomas Pellerin-Carlin. Rappelons que sur ce point, l’Europe est très dépendante de la Russie, puisqu’elle en importe 40% du gaz qu’elle consomme. Si le président Vladimir Poutine a déclaré lundi qu’il ne couperait pas la fourniture de gaz russe vers l'Europe, rien ne dit qu’il n’utilisera pas l’énergie comme moyen de rétorsion, en réponse aux sanctions de l’Union européenne et des États-Unis.

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Dès lors, le gaz se retrouve au centre de toutes les préoccupations. “C'est la seule question économique stratégique”, a d’ailleurs souligné Bruno Le Maire ce vendredi 25 février, lors d’une réunion de l’Eurogroupe qui réunissait les ministres des Affaires économiques et financières des Etats membres de l’UE ainsi que des gouverneurs de banques centrales. L’occasion pour le locataire de Bercy de réitérer l’engagement du gouvernement de protéger les ménages face aux hausses de prix présentes et futures. “Je veux redire que les ménages français n’ont pas d’inquiétude à avoir et ne verront pas cette augmentation sur le prix de leur facture puisque nous avons, avec le Premier ministre, décidé le gel des tarifs du gaz”, a-t-il déclaré. La prolongation du bouclier tarifaire jusqu’à la fin de l’année pourrait toutefois lourdement peser sur les finances publiques. L’Etat a provisionné 1,2 milliard dans le Budget 2022. Mais à Bercy, on évoque déjà un coût de 3 milliards d’euros.

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Inquiétudes pour les entreprises

Ce coût pourrait même exploser dans le cas où le gouvernement serait contraint de voler au secours des entreprises, qui ne sont, elles, pas concernées par le gel des prix. “Pour l’électricité, les entreprises bénéficient de la baisse de taxes, qui représente une aide de 22 euros par MWh consommé. Pour les plus gros consommateurs, le gouvernement a aussi mis en place des facilités de trésorerie. Mais pour le gaz, elles n’ont rien”, rappelle Jean-Marc Dubreuil. Or, pour beaucoup d’entre elles, les contrats ont été tacitement renouvelés ou renégociés à la fin 2021, au moment où les prix étaient au plus haut. “Pour ces entreprises, les premières factures commencent à arriver et elles affichent des augmentations de l’ordre de 200 à 300%”, précise-t-il. Seul soulagement pour elles : les prix des contrats de long terme affichent des coûts moins importants, à 48 euros le MWh pour 2024 et à 80 euros pour 2023. Mais l’inquiétude pourrait rapidement monter.

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