Hongrie : un ami russe encombrant : épisode • 3/4 du podcast Aux frontières de la guerre en Ukraine

Discours de Viktor Orban lors de la journée nationale de l'Indépendance ©AFP - Attila KISBENEDEK
Discours de Viktor Orban lors de la journée nationale de l'Indépendance ©AFP - Attila KISBENEDEK
Discours de Viktor Orban lors de la journée nationale de l'Indépendance ©AFP - Attila KISBENEDEK
Publicité

En avril 2022 se tiendront les élections législatives hongroises. Le Premier ministre Viktor Orban, en lice pour un quatrième mandat, voit sa campagne assombrie par ses nombreuses compromissions avec Moscou et son tropisme pro-russe. La guerre en Ukraine peut-elle signer la fin de son règne ?

Avec
  • Antonela Capelle-Pogăcean Chargée de recherche Sciences Po au CERI (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales) et enseignante à Sciences Po Dijon
  • Lukas Macek Directeur de Sciences-Po Dijon.
  • Petia Gueorguieva

La guerre en Ukraine est venue bousculer la campagne pour les législatives hongroises qui se tiendront le 3 avril 2022. Le Premier ministre sortant Viktor Orban, en lice pour un quatrième mandat, a assumé ces dernières années un important rapprochement avec la Russie de Poutine, entre convergences idéologiques et intérêts économiques. En témoigne la visite du dirigeant hongrois à Moscou le 1er février 2022, au cours de laquelle ce dernier s’est félicité de la relation bilatérale entre les deux pays, tout en professant sa confiance dans la désescalade à la frontière ukrainienne. Un passif que le candidat d’opposition, Peter Marki-Zay, à la tête d’une coalition hétéroclite ne manque pas de relever pour accuser son rival d’être à la botte de Vladimir Poutine tout en promettant que lui libérera la Hongrie de l’influence de Moscou. Mais selon Viktor Orban, cette proximité avec le chef du Kremlin serait une garantie de paix qui permettrait de prévenir toute éventuelle agression russe contre la Hongrie.

Comment l’opinion hongroise reçoit-elle ces différents discours ? De la condamnation de la guerre et de l’autoritarisme, ou de la crainte d’une hausse des prix de l’énergie en cas de rupture avec la Russie, quel argument est-il le plus à même de l’emporter ? A quel point ces débats pèsent-ils dans la campagne ? Quels sont les autres sujets de préoccupation des électeurs ?

Publicité

Florian Delorme reçoit Antonela Pogacean, chercheuse au CERI/ Sciences Po et Lukas Macek, directeur du campus spécialisé Europe centrale et Orientale de Sciences Po à Dijon et chercheur associé à l’Institut Jacques Delors.

"Sur la question de la relation avec la Russie, Viktor Orban a essayé de repositionner les termes du débat en se mettant en position d’homme d’Etat qui défend la paix et la stabilité; deux mots clés de sa campagne. Ce discours peut fonctionner car les sondages montrent que les Hongrois sont très sensibles à ces thématiques" note Antonela Pogacean.

"Dans les actes, Viktor Orban tente de jouer sur deux tableaux : d'un côté une solidarité affichée avec l'Europe sur les sanctions, et une condamnation de l'invasion russe et de l'autre le refus très net de toute livraison d'arme à l'Ukraine" explique Lukas Macek

Seconde partie : le focus du jour

Bulgarie : la stabilité politique menacée par le conflit

Le premier ministre bulgare Kiril Petkov le 11 décembre 2021
Le premier ministre bulgare Kiril Petkov le 11 décembre 2021
© AFP - NIKOLAY DOYCHINOV

La Bulgarie, traditionnellement proche de la Russie, a traversé l’an dernier une importante crise politique, marquée par trois scrutins législatifs successifs avant la formation d’un gouvernement, en décembre 2022. Mais au mois de mars 2022, la guerre en Ukraine est venue s’ajouter à la longue liste des clivages menaçant la pérennité de la très hétéroclite coalition au pouvoir. Alors que la Bulgarie est l’un des seuls pays européens, avec la Hongrie, à ne pas livrer d’armes à l’Ukraine, une partie de l’opinion et de la classe politique milite pour un soutien plus appuyé à Kiev.

Avec Petia Gueorguieva, maîtresse de conférences en science politique à la Nouvelle Université Bulgare. 

"Malgré le caractère hétéroclite de la coalition, et les critiques qui lui sont adressées sur son indécision concernant la guerre en Ukraine, la Bulgarie maintient sa position d’alliée au sein de l’OTAN et maintient ses engagements vis-à-vis de ses partenaires européens" observe Petia Gueorguieva.

Références sonores

  • Anita Heringes, élue d’opposition à Paks dénonce les liens entre Orban et Poutine, notamment dans le domaine de l’énergie (C dans l’air, 25 mars 2022)
  • Extrait d’un discours de Péter Márki-Zay dans lequel il exprime son attachement à l’Europe (Radio Canada, 18 mars 2022)
  • Sara Botond, candidat du Fidesz aux législatives à Budapest considère que l’augmentation du prix de l’énergie est préoccupant et que la Hongrie « ne doit pas payer le prix de cette guerre » (C dans l’air, 25 mars 2022
  • Viktor Orban affirme que la Hongrie n'interviendra pas pas dans la guerre opposant la Russie à l’Ukraine (Radio Canada, 18 mars 2022)
  • Zelensky exhorte Orban à choisir son camp (The Guardian, 25 mars 2022)
  • Témoignages d’habitants de Sofia à propos de leurs rapports avec la Russie lors du défilé du 03 mars rendant hommage au grand frère russe, le libérateur du pays en 1878 (Arte, 03 mars 2022)

Références musicales

  • « Ash & Snow » de Christian Löffler (Label : Ki records)
  • « Öblögető » de la chanteuse hongroise Barkóczi Noémi

L'équipe