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« Il y a un fossé entre les interventions militaires de la Russie et la reconstruction de l’URSS »

La façon dont le pays reprend pied a de quoi inquiéter, mais le fantôme de l’URSS a toutes les chances d’en rester un, estime Cyrille Bret, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors.

Publié le 26 janvier 2022 à 05h45, modifié le 26 janvier 2022 à 13h59 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Projection de troupes au Kazakhstan en 2022, interposition militaire entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan en 2021, relance de l’union avec la Biélorussie en 2020 ou encore déstabilisation de l’Ukraine depuis 2014 : la Fédération de Russie réinvestit, économiquement et militairement, plusieurs anciennes républiques socialistes soviétiques (RSS). Trente années exactement après la dissolution de l’URSS, le 25 décembre 1991, la nostalgie de la puissance se mue-t-elle en projet d’empire ?

Depuis une décennie, les relations entre la Russie et les Occidentaux ont repris la physionomie d’un affrontement larvé, multiforme et indirect, mais persistant. En deux mots, une « guerre froide ». Les tentatives de coopération au sein du partenariat avec l’Union européenne (1994) et dans le Conseil OTAN-Russie (2002) ne séduisent plus Moscou. La Russie a repris l’initiative dans ses anciennes RSS depuis la guerre avec la Géorgie, en 2008. Les tensions militaires sont soigneusement entretenues sur tous les théâtres : en mer Baltique, avec l’enclave de Kaliningrad [région située entre la Pologne et la Lituanie isolée du reste de la Russie] ; en mer Noire, à partir de la Crimée, annexée en 2014 ; dans le Caucase, depuis sa médiation dans le conflit au Haut-Karabakh, en 2020.

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Lorsque l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) s’est élargie en intégrant d’anciennes démocraties populaires, comme la Pologne, la Hongrie ou la Tchéquie, et d’anciennes RSS (les trois Etats baltes), la Russie a reconstruit son complexe militaro-industriel, rénové ses réseaux d’alliance, repensé son « soft power » médiatique et ses tactiques. Qu’elle mène des « guerres hybrides », selon la terminologie forgée par l’OTAN, ou qu’elle suive la « doctrine Guerassimov » [général ayant théorisé la guerre informationnelle et l’action des forces spéciales], selon l’expression en vogue à Moscou, la Russie essaie de reprendre pied militairement, économiquement, diplomatiquement et médiatiquement dans ce qui reste de l’espace post-soviétique.

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La nostalgie de l’URSS ne se cache pas aujourd’hui en Russie : le président russe déplore sa disparition comme une « tragédie », une partie des élites politiques regrette sa grandeur et les célébrations historiques lui font une grande place dans la mémoire collective. Exploitant les retraits américains d’Asie centrale et prenant de vitesse une Union européenne encore maladroite géopolitiquement, la Russie redevient aujourd’hui la puissance militaire de référence dans les espaces baltiques, caucasiens et d’Asie centrale.

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