Inflation : les mesures du gouvernement sont "coûteuses" et peu "ciblées", selon des économistes

La baisse de 15 centimes de carburant annoncée par l'exécutif il y a quelques jours et la prise en charge d'une partie des factures de gaz et d'électricité devraient permettre d'amortir le choc à court terme pour les ménages et les entreprises. La perspective d'une guerre à rallonge en Ukraine pourrait compliquer la tâche du prochain gouvernement. En effet, ces mesures jugées "coûteuses" et peu "ciblées" par des économistes ne favorisent pas forcément la transition énergétique favorable à l'indépendance du modèle économique français.
Grégoire Normand
Les prix à la pompe ont atteint des sommets ces dernières semaines.
Les prix à la pompe ont atteint des sommets ces dernières semaines. (Crédits : Reuters)

Ristourne de 15 centimes d'euros sur le carburant, chèque énergie, chèque inflation, prise en charge partielle des factures d'électricité et de gaz des entreprises par l'Etat, bouclier tarifaire.... La liste des aides et des mesures annoncées par le gouvernement ne cesse de s'allonger depuis l'automne 2021. La semaine dernière, Jean Castex a encore annoncé un nouveau plan de résilience dont le coût global est estimé entre 4 et 7 milliards d'euros selon la durée de la crise.

A ce plan de résilience s'ajoutent le coût de toutes les mesures précitées depuis septembre 2021 et les mesures sectorielles spécifiques (agriculture, bâtiment, transporteurs) pour un total de près de 30 milliards d'euros. Malgré ces aides, des professionnels du BTP, pêcheurs, agriculteurs, transporteurs ou taxis ont mené de nouvelles actions en début de semaine dans tout le pays pour protester contre le prix des carburants.

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Les économistes de l'Insee ont révisé à la hausse leurs prévisions d'inflation la semaine dernière dans leur dernière note de conjoncture. Entre avril et juin, la poussée de fièvre des prix de l'énergie pourrait faire grimper l'indice des prix à la consommation entre 4% et 4,5% au cours du printemps. L'inflation poussée jusque- là par la flambée des prix de l'énergie pourrait s'installer dans la durée. En effet, la guerre en Ukraine a ravivé de nombreuses tensions sur les prix des matières premières et ceux de l'énergie. A l'approche de la présidentielle, le dossier du pouvoir d'achat devient brûlant. "Le pouvoir d'achat est resté la première préoccupation des Français malgré la guerre en Ukraine. Les prix de l'énergie ont un impact sur le pouvoir d'achat", a rappelé Mathieu Plane, économiste à l'OFCE lors d'un récent point presse.

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Des aides pour éteindre l'incendie temporairement

La plupart des économistes s'accordent à dire que les différentes mesures prises ont permis d'amortir le choc à court terme. L'objectif du gouvernement est d'éviter une fronde sociale généralisée alors que de nombreux blocages de dépôts de carburants et des opérations escargots ont été recensés sur tout le territoire récemment. "Face à la crise des prix de l'énergie, éteindre temporairement l'incendie chez les ménages ou les secteurs exposés est indispensable", a déclaré  Benoît Leguet, directeur de l'Institut d'économie du climat (I4CE), "mais cela ne suffira pas : les braises resteront chaudes et s'enflammeront de nouveau à la prochaine crise."

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Outre les gestes individuels en faveur d'une baisse de la consommation d'énergie, plusieurs économistes plaident pour un investissement massif de l'Etat et des entreprises dans des infrastructures et d'autres outils pour favoriser la sobriété énergétique. "Financement de la rénovation globale des logements, pistes cyclables et zones piétonnes, super-primes à l'achat de véhicules électriques pour les ménages modestes, réglementation plus stricte sur les SUV, renforcement des transports communs... Les solutions sont nombreuses pour réduire notre consommation d'énergies fossiles qui financent la guerre de Vladimir Poutine", explique Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie de l'Institut Jacques Delors.

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Des aides jugées "coûteuses"...

La multiplication des chèques et des aides à l'approche de la présidentielle a suscité des vagues de critiques de la part de l'opposition depuis l'automne dernier. A droite, la candidate Les Républicains (LR) Valérie Pécresse avait notamment accusé Emmanuel Macron de "cramer la caisse". Sur les 25 à 26 milliards d'euros évoqués par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, 10 milliards d'euros sont consacrés au plafonnement du prix du gaz, 8 à 10 milliards d'euros pour le plafonnement des tarifs réglementés de l'électricité, 2,8 milliards d'euros pour la ristourne de 15 centimes par litre de carburant, 3 milliards d'euros pour l'indemnité inflation et 25 millions d'euros pour l'aide aux entreprises très dépendantes de l'énergie.

En face, certaines recettes liées à la TVA notamment devraient augmenter avec les prix de l'énergie mais il est encore difficile à ce stade d'avoir une estimation précise. Cela va notamment dépendre du niveau de consommation des Français et des entreprises et de l'évolution du contexte géopolitique. Afin d'éviter de refaire un budget rectificatif, le ministre de l'Economie a indiqué qu'il allait passer par un décret d'avance. Ce qui évite de reconvoquer le Parlement à quelques semaines de l'échéance présidentielle.

Grégoire Normand
Commentaires 13
à écrit le 25/03/2022 à 10:44
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« C’est coûteux et peu ciblé », peut-être, mais en Allemagne ça va être 30 centimes de réduction sur le litre de carburant, le double de chez nous, et 300,00 Euros d’aide contre l’inflation, le triple de chez nous. Si un certain nombre de pays choisi...

à écrit le 24/03/2022 à 19:40
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les transitions ecolos en 3 mois on sait ou ca mene......pour le reste, si en france on ne jetait pas l'argent par la fenetre, ca se saurait.......peut etre que certains n'ont pas vu qu'il y a une election...

à écrit le 24/03/2022 à 16:32
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Je ne pense pas que cela inquiète ce gouvernement à la ramasse après 5 années débours mémorables , ils ont déjà fait sonner 5 fois la timbale depuis leur arrivée aux finances . Ils ont battu tous les scores . Le concour reste ouvert qui fera mieux , ...

à écrit le 24/03/2022 à 16:08
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PARIS (Reuters) - La France n'est pas entrée dans une spirale inflationniste, a déclaré dimanche le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dans l'émission Le Grand Jury de RTL, LCI et Le Figaro. "J'ai des chiffres qui son...

à écrit le 24/03/2022 à 15:11
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La seule mesure est de supprimer la tva et refondre cette fiscalité qui consiste à payer 65 cents de taxes sur un euro d'essence.

le 24/03/2022 à 15:58
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Ah oui? Et vous financez ça comment? Pour réclamer des sous et on est les champions et ce malgré un endettement abyssal. Il faut aussi plus d'argent pour l'Armée, pour les ehpads, la police, les hopitaux et payer moins d'impôts etc... Mais quelle ban...

à écrit le 24/03/2022 à 14:49
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Du pilotage à vue dans l'urgence qui dure - inquiétant.

à écrit le 24/03/2022 à 11:58
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Ce qui se trame dessous ces gesticulations semble d'une ampleur colosale.

le 24/03/2022 à 14:52
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Le "quoi qu'il en coûte" va inévitablement coûter très cher..sûrement.après les élections.

à écrit le 24/03/2022 à 10:22
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le probleme des mesures citees ici c est que ca met du temps a faire effet. isoler un logement prend des mois, acheter une voiture electrique (il faut la porduire et avoir un chargeur a la maison) ... Il aurait certes mieux valu dire la verite et dem...

à écrit le 24/03/2022 à 8:45
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Ces mesures ne sont que de la poudre aux yeux, puisque ce sont les français qui les financent. Quand l'état dépense 30 milliards, c'est chaque français qui est ponctionné de 500 €. Ceux qui ne roulent pas et ne se chauffent pas, payent pour ceux qui ...

à écrit le 24/03/2022 à 8:22
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Ce qui m'interroge c'est la base légale de cette ristourne de 15 cts. Comment obliger un pompiste a les avancer (ça va vite chiffrer) et quelle sera l'usine a gaz du parcours de remboursement alors que rien que la ticpe qui est de 70 a 72 cts selon l...

le 24/03/2022 à 9:00
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Ils vont prendre trois semaines pour "y réfléchir". Le tout maintenant, c'est de parler avant de réfléchir. Comme on disait avant "tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler".

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