Quels pays ont le taux d'inflation le plus haut et le plus bas en Europe ?

L'inflation des prix de l'énergie va poser des problèmes de chauffage à nombre d'Européens
L'inflation des prix de l'énergie va poser des problèmes de chauffage à nombre d'Européens Tous droits réservés Christof Stache / AFP
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Par Marie JametRita Palfi
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Depuis le début de l’année, la France est le pays européen où l’inflation est la plus basse. A l'inverse, l'Estonie est plombée par le plus fort taux d'inflation. Où se loge l'augmentation des prix dans ces deux pays ainsi qu'en Hongrie et Malte où l'alimentation pèse aussi sur l'inflation.

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Depuis le début de l’année, la France est le pays européen où l’inflation est la plus basse, avec Malte. Au mois de septembre, l’inflation s’y élevait à 6,2 % contre 24,1% en Estonie.

Jusqu’au milieu de l’été, les prix régulés de l’énergie en Hongrie n’avait pas suffi à maintenir l’inflation sous la moyenne de celle de l’Union Européenne, comme à Malte par exemple, mais avait fait du pays le seul où l’inflation était principalement poussée par l’augmentation des prix de l’alimentation entre mars et août.

La France, protégée par des mesures précoces et son nucléaire

En France, les combustibles liquides, comme le fioul, sont le poste qui a le plus augmenté en moyenne depuis le début de l’année. Les cinq postes suivants sont tous liés à l’énergie : l’énergie thermique, le gaz naturel, le gazole… Viennent ensuite, les fruits surgelés et les huiles alimentaires.

En comparant janvier et septembre, l’énergie occupe dans les deux cas la majorité des dix catégories de prix ayant le plus augmenté par rapport à l’année précédente. Or, le gaz est la principale source d’énergie utilisée par les ménages français pour chauffer leur logement, suivi des énergies renouvelables (34%) et le fioul (14%). 

Selon Pierre Jaillet, chercheur associé à l’Institut Jacques Delors et à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), la France a pu maintenir un taux d’inflation aussi bas comparé aux autres Etats membres, en raison de la précocité de son bouclier tarifaire, par plafonnement ou par subvention, concernant le gaz, l’électricité ou le carburant. "Selon les estimations de l’INSEE, entre le deuxième trimestre de 2021 et le premier semestre de 2022, l’ensemble de ces mesures a amorti de près de la moitié les effets de la hausse des prix de l’énergie sur l’inflation totale. Sans cela, l’effet des prix de l’énergie aurait été de plus de 6 % sur l’inflation alors qu’avec le bouclier, il a été limité à 3 %." 

Par ailleurs, la France a été protégée, rappelle-t-il, par sa plus faible dépendance aux énergies fossiles russes.

L'Estonie, gangrénée par le prix des énergies

En Estonie, l’énergie tire l’inflation depuis le mois de février 2021. Après un court ralentissement à l’hiver 2022, l’inflation des prix de l’énergie a repris son ascension depuis le début du conflit en Ukraine.

Au début de l'année, l'alimentation partageait alors avec le gaz, l’électricité ou le chauffage, une partie du haut de tableau de l’inflation dans le pays balte. En septembre, l’énergie remplit, avec quelques postes alimentaires (sucre, farines et autres céréales…), les quinze premières cases de ce triste tableau.

Au global, le pays consomme principalement du pétrole et de l'électricité et reste dépendant des énergies fossiles russes, ce qui a pour effet de tirer les prix vers le haut.

Pour le chauffage, cependant, les ménages estoniens utilisent principalement le bois. Mais là aussi, notamment en raison de la demande, le prix du bois augmente, que ce soit sous forme de bûches ou de pellets.

La Hongrie, à la merci des énergies russes

A Malte et en Hongrie, les prix régulés de l’énergie ont pour conséquence de dresser un tableau beaucoup plus varié de l’inflation.

A Malte, les prix de l’énergie sont bloqués ; leur inflation est nulle. Du coup, la composition de l’inflation est partagée entre alimentation (huiles, produits laitiers, pâtes…) et services (électriciens, postiers, menuisiers…).

En Hongrie aussi, jusqu’en juillet, la régulation des prix a permis de contenir l’inflation des prix de l’énergie, reportant celle-ci principalement sur la nourriture, notamment la margarine et les graisses végétales, le pain ou les pâtes. Mais au mois d’août, le gouvernement hongrois a supprimé les plafonds sur les prix de l'électricité et du gaz pour les ménages consommant plus que la moyenne nationale.

Pour ces ménages, la mesure a entraîné un doublement du prix de l’électricité et une augmentation d’environ 700 % du prix du gaz. Par exemple, un ménage utilisant 280 mètres cubes de gaz payait 28 560 HUF jusqu'en août. Désormais, il lui en coûtera 116 280 HUF pour le même volume.

Or, le gaz est la principale source de chauffage des ménages hongrois. Comme en Estonie, le bois devient en Hongrie une alternative... dont le prix augmente (43,8 %). Le gouvernement a, par exemple, interdit l'exportation de pellets et levé les restrictions d'exploitation de forêts protégées.

La Hongrie est l'Etat membre le plus dépendant aux énergies fossiles russes. L'augmentation des prix s’explique donc à la fois par cette dépendance ainsi que par la dévaluation du forint "et des taux d’intérêt [de la banque centrale hongroise], pour répondre à cette inflation et à cette dévaluation. Ces taux sont montés à 13 %, comparés aux taux de la BCE entre 0,75 % et 1,50 %."

La Banque centrale européenne (BCE) prévoit un ralentissement de l’inflation à partir du premier trimestre 2023.

Toutefois, Pierre Jaillet appelle à la prudence concernant ces prévisions "extrêmement fragiles". Il ajoute : "les prévisions, que ce soit celles du FMI, de l’OCDE, des banques centrales, des instituts statistiques nationaux et européens sont continuellement revues à la hausse depuis un an."

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