Directeur de Sciences Po Grenoble avant de prendre la direction de l’université Grenoble-II, puis d’enseigner à l’Institut d’études politiques de Paris, passionné d’Europe, Jean-Louis Quermonne est mort le 17 janvier, à Grenoble, à l’âge de 93 ans.
Homme de culture aux convictions religieuses profondes, d’une parfaite courtoisie et d’une grande fidélité, Jean-Louis Quermonne naît le 3 novembre 1927, à Caen, où son père est médecin. Il obtient à Paris le diplôme de l’Institut d’études politiques (IEP) et le titre de docteur en droit. Agrégé de droit public, il est nommé, en 1952, à la faculté de droit d’Alger dans laquelle il enseigne à l’Institut d’études politiques.
Les années à Alger correspondent à de profonds remous liés à l’indépendance. Jean-Louis Quermonne se lie alors d’amitié avec Pierre Mendès-France et la guerre d’Algérie sera une source de réflexion qui se poursuivra après son arrivée à Grenoble, en 1957. Il anime avec Pierre Mendès-France et le professeur Georges Lavau les colloques juridiques du bâtonnier René-WilliamThorp, alimentant les propositions sur l’avenir de l’Algérie. Ce démocrate-chrétien participe aussi aux rencontres du monastère de Toumliline, au Maroc, destinées à rapprocher les communautés chrétienne et musulmane.
Talents de réformateur
A Grenoble, Jean-Louis Quermonne déploie ses talents de réformateur à l’Institut d’études politiques dont il est nommé directeur en 1958. Il a alors 30 ans. Il perçoit immédiatement les facteurs de changement présents dans les nouvelles « administrations de mission ». Avec l’aide de la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar), il crée le Centre de recherche sur l’aménagement du territoire (Cerat, aujourd’hui Pacte) rattaché au CNRS et à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP). Il développe un lien d’amitié avec Hubert Dubedout, élu maire de Grenoble en 1965.
Quand Jean-Louis Quermonne participe en 1966 au colloque de Caen sur l’avenir de l’université française, il est en phase avec les thèmes abordés : briser le cloisonnement entre les facultés et créer des universités autonomes tournées vers la pluridisciplinarité.
Ce foisonnement d’idées d’avant-garde préfigure les débats de 1968. Jean-Louis Quermonne fait partie d’emblée de ceux qui ont perçu ce qui pouvait être positif dans le mouvement de mai. Quand se met en place la loi Edgar Faure (d’orientation de l’enseignement supérieur), il abandonne la direction de l’IEP pour prendre la présidence de la nouvelle université de Grenoble-II. Puis, en 1971, à la création de la Conférence des présidents d’université (CPU) présidée par le ministre, ses collègues le choisissent comme premier vice-président. De 1975 à 1976, il est directeur des enseignements supérieurs et de la recherche. En désaccord avec la secrétaire d’Etat aux universités Alice Saunier-Seïté, il n’hésite pas à démissionner de son poste.
Il vous reste 37.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.