Prix de l'énergie

Journée spéciale "énergie" sur la RTBF : les réponses aux questions les plus fréquentes

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Par Jean-François Noulet

Toute cette journée, la RTBF, sur ses différentes plateformes, répond aux questions des auditeurs, téléspectateurs et internautes au sujet de la hausse vertigineuse des prix de l’énergie. Tarif social, primes de 200 euros pour le mazout ou le propane, aides pour les autres carburants et combustibles, baisse de TVA temporaire sur le gaz et l’électricité. Ce sont là les thèmes qui ont le plus été abordés. Pour y répondre, la RTBF a rassemblé plusieurs experts des questions énergétiques.

La prime de 200 euros pour le mazout et le propane suscite beaucoup d’interrogations

Les livreurs de mazout se disent aujourd’hui débordés de questions au sujet de cette prime. Il n’y a rien de surprenant à cela, car ce mercredi à la mi-journée, les détails des modalités de versement de cette prime sont encore flous. Les questions posées aux experts invités par la RTBF n’ont pas manqué d’interpeller sur les nombreuses zones d’ombre autour de cette prime.

Pour rappel, lundi soir, le gouvernement s’est accordé sur plusieurs mesures destinées à alléger les factures énergétiques des ménages. L’une de ces mesures consiste en l’octroi d’une prime de 200 euros aux ménages qui utilisent le mazout ou le propane pour se chauffer.

Que faire pour obtenir cette prime ? A qui sera-t-elle versée ? Qu’en est-il des copropriétés qui ne comptent qu’une cuve et une chaudière pour tout un immeuble ? Autant de questions précises auxquelles il est encore difficile de répondre. Le gouvernement doit encore régler les détails pratiques avec les négociants en carburant. Une réunion est prévue ce mercredi 16 mars, après-midi.

"Ce que l’on sait aujourd’hui au sujet du chèque mazout : ce chèque est octroyé pour la résidence principale, il n’y a pas de montant minimum pour pouvoir en bénéficier et il sera octroyé à titre rétroactif depuis le mois de janvier", répond Julie Frère, porte-parole de Test Achats.

On ne sait pas encore exactement selon quelles modalités les personnes qui ont déjà rempli leur citerne pourront bénéficier de cette prime, "mais ce qui est certain, c’est qu’elles y ont droit", ajoute Julie Frère.

On sait aussi que la prime de 200 euros ne sera pas liée à une quantité minimale de mazout à commander.

Des discussions sont en cours au sein du gouvernement avec certains partenaires afin de fixer ces modalités pratiques. Nous devrions en savoir plus très prochainement.

Pas de primes pour les autres combustibles, tels les pellets ou le pétrole ?

Le gouvernement baisse temporairement la TVA sur l’électricité et le gaz. Il octroie une prime au mazout et au propane, mais fait-il quelque chose pour les personnes qui se chauffent d’une autre manière ?

La réponse est non, en tout cas pas dans le cadre des mesures adoptées ce lundi 14 mars.

De nombreux utilisateurs de pellets ont interpellé les experts sur les plateformes de la RTBF, se demandant s’ils pourraient bénéficier d’une aide. "Aucune aide n’est actuellement prévue de la part du gouvernement pour les personnes se chauffant aux pellets", répond Julie Frère, de Test Achats.

Le pellet est devenu une valeur "refuge" pour certains ménages, comme alternative au gaz pour chauffer les pièces principales des habitations. Cependant, comme d’autres combustibles, les pellets ont vu leur prix augmenter dernièrement. Malgré tout, ils restent intéressants. "Aujourd’hui, le prix des pellets atteint 7 à 8 centimes le kWh. Cela reste une valeur refuge comparé au gaz (environ 12 cents/kWh) et au mazout (11 cents/kWh)", précise Julie Frère.

En cas de difficultés de paiement, Test-Achats conseille de ne pas hésiter à vérifier quelles sont les aides disponibles, notamment du côté des CPAS.

Pour les personnes qui achètent de petites quantités de pétrole ou de mazout, directement à la pompe ou encore du propane en bouteilles, pour se chauffer, elles peuvent se tourner vers les CPAS et le Fonds social chauffage, si elles sont dans les conditions.

"Le Fonds social chauffage intervient pour un montant forfaitaire au litre de 16 cents/L pour un volume max de 1500 L annuel. Si vous allez à la pompe avec votre bidon, le Fonds social interviendra quel que soit le volume pour le même montant, c’est-à-dire 240 euros (16 cents au L x 1500 L). Avec votre ticket reçu à la station-service, vous pouvez vous rendre au CPAS, qui, après vérification de votre statut, vous remboursera 240 euros", confirme Julie Frère.

Réduction des accises sur le diesel et l’essence: qu’en est-il du CNG ?

Alors que le gouvernement a décidé de diminuer les accises sur l’essence et le diesel de 17,5 cents, plusieurs questions ont été posées via les plateformes de la RTBF à propos des autres carburants.

"Savez-vous ce qu’il en est pour les prix du CNG pour les voitures qui utilisent ce carburant pour minimiser leurs émissions ?", demande un internaute. "En moins de 6 mois, le prix au kg de gaz a plus que quadruplé à la pompe et, malheureusement, on n’en parle pas beaucoup car les automobilistes au CNG ne sont encore qu’une faible proportion dans notre pays", poursuit cet internaute.

A cette question, Benoît Gerkens, de la CREG, répond "qu’il n’y a pas d’accise spécifique sur le CNG en Belgique alors que les accises sur l’essence et le diesel sont de 0,6 €/litre". Impossible donc pour le gouvernement de prendre la même mesure pour le CNG.

Quant à l’évolution du prix du CNG, elle dépend des prix du gaz sur les marchés de gros. Ils "sont élevés actuellement mais le marché considère qu’ils devraient diminuer de moitié à partir du printemps 2023 et diminuer davantage en 2024 et en 2025", estime Benoît Gerkens. Les prix du marché sont actuellement autour de 115 €/MWh pour le TTF. Les prévisions pour 2023 sont de 60 €/MWh, de 45 €/MWh pour 2024 et de 30 €/MWh pour 2025.

Par ailleurs, le développement du biométhane pourrait également offrir une réponse à ces fluctuations des prix internationaux.

Contrat fixe ou contrat variable pour l’électricité et le gaz ?

Face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité, de nombreuses questions ont été posées au sujet du type de contrat de fourniture de gaz ou d’électricité. Faut-il privilégier le contrat fixe ou le contrat variable ?

Tout d’abord, "il y a aujourd’hui très peu de fournisseurs qui proposent encore des contrats fixes", précise Julie Frère, de Test Achats. Si un consommateur, inquiet de voir sa facture de gaz ou d’électricité grimper en raison d’un contrat variable souhaitait se mettre à l’abri des fluctuations en passant à un contrat fixe, il aurait donc très peu de choix. Et même s’il trouvait un contrat fixe, les tarifs seraient probablement élevés. En cas de passage à un contrat fixe, ce consommateur aurait intérêt à vérifier régulièrement qu’il n’existe de meilleure offre tarifaire.

Pour les consommateurs disposant encore d’un contrat fixe, il y a fort à parier que ce ne sera plus le cas lorsque le contrat arrivera à échéance. "Il y a une chance importante que vous soyez renouvelés dans un contrat variable", estime Julie Frère, de Test Achats. Les fournisseurs ne sont pas tenus de renouveler un contrat fixe dans les mêmes termes. Vu l’évolution actuelle des prix du gaz et de l’électricité, ces fournisseurs privilégient les contrats variables.

Dès lors, le consommateur qui aurait encore un contrat fixe n’a pas intérêt à en changer dans l’immédiat, surtout si ce contrat a été conclu il y a plusieurs mois, avant la forte hausse des prix du gaz et de l’électricité. C’est le cas par exemple de cet auditeur de la Première, bénéficiant actuellement d’un tarif fixe négocié sur trois ans pour le gaz. "Ce client doit garder le tarif fixe, probablement bien plus intéressant, surtout s’il a été négocié il y a un certain temps", estime Antoine Dumont de Wikipower.

Ensuite, "il faut comparer ce qu’il reste à comparer", conclut Julie Frère, de Test Achats.

Beaucoup de questions à propos du tarif social

Depuis le courant de l’année 2021, le gouvernement a mis en œuvre le tarif social élargi à l’ensemble des BIM (bénéficiaires de l’intervention majorée). La mesure avait déjà été prolongée jusqu’à fin mars 2022. Elle sera encore d’application jusqu’à la fin septembre, suite aux décisions prises par le gouvernement lundi 14 mars.

Beaucoup de foyers se demandent ce qu’ils doivent faire pour obtenir ce tarif social.

Ce tarif social est d’abord octroyé automatiquement à toute une série de personnes. Parmi ces personnes, on retrouve les allocataires du CPAS, les locataires de logements sociaux, les bénéficiaires d’une allocation de garantie de revenus pour personnes âgées, certains bénéficiaires d’une allocation de handicap. La liste complète est disponible sur le site du SPF Economie.

Le gouvernement a élargi le tarif social aux BIM, les bénéficiaires de l’intervention majorée.

Les personnes bénéficiaires du tarif social ne doivent, en théorie, pas s’inquiéter. Ce tarif est octroyé automatiquement. Il se peut toutefois qu’il y ait un certain délai, car les fournisseurs ne sont notifiés concernant ce statut social que tous les trois mois.

Plus d’informations sont disponibles ici.

Il est aussi possible de renoncer au tarif social. Certains consommateurs peuvent encore bénéficier d’un ancien contrat fixe de fourniture d’électricité ou de gaz qui serait plus avantageux que le tarif social.

Benoît Gerkens, de la CREG, confirme qu’il est permis de renoncer au tarif social. Il s'en réfère à l’arrêté ministériel du 30 mars 2007, et notamment l’article 5 qui permet de renoncer au tarif social uniquement par le biais d’une lettre recommandée. Redemander le tarif social par la suite est aussi possible.

Voici ce que dit l’article 5 : "Une entreprise de gaz naturel peut uniquement être exemptée de l’obligation du tarif social, si l’entreprise de gaz est informée par recommandé par le client résidentiel protégé, que ce dernier ne souhaite plus bénéficier du tarif social. Dans ce cas, le tarif commercial choisi par le client de cette entreprise de gaz est appliqué à compter de la date de notification jusqu’à la date à laquelle le client résidentiel protégé sollicite à nouveau par recommandé l’application du tarif social".

Comment faire des économies ?

Vu le contexte de flambée des prix des produits énergétiques, de nombreuses personnes se demandent comment faire des économies et que faire pour réduire la facture.

Dans l’immédiat, on peut se poser la question du type de chauffage utilisé. Chez Wikipower, Antoine Dumont a comparé le coût des différents moyens de chauffage. "Actuellement, c’est le gaz qui est le plus cher. Puis, le mazout. Le pellet et le bois de chauffage, il y a une grosse économie", estime Antoine Dumont, qui conseille à ceux qui ont des poêles à bois ou à pellet de les utiliser pour chauffer la pièce principale.

Le conseil principal donné par les experts est de se préparer à se tourner vers d’autres formes d’énergies. On constate actuellement "un boom de la demande pour le placement de panneaux photovoltaïques", constate Julie Frère. 

"Vu les prix très élevés que nous connaissons aujourd’hui pour l’électricité, l’investissement dans les panneaux solaires est plus que jamais recommandé et rentable. En général, l’investissement est amorti dans les 5 ans, mais vu les prix actuels, le délai devrait être encore plus court", précise Julie Frère. 

Elle relève toutefois que ce type d’investissements met en évidence une fracture sociale et énergétique, "où certaines personnes ne peuvent pas se permettre d’isoler ou d’investir dans des panneaux photovoltaïques ou des pompes à chaleur et ont des difficultés à payer leurs factures" et ou d’autres "roulent au tout électrique, ont des panneaux photovoltaïques, des pompes à chaleur, etc.".

Les regards sont donc tournés vers les pouvoirs publics pour accompagner le plus de monde dans la transition énergétique, en particulier les plus vulnérables.

"Il faut mettre en place, dès maintenant, des mesures structurelles qui permettent de rénover autant que possible, d’installer autant de chauffe-eau solaires et de pompes à chaleur que possible, avant l’arrivée de l’hiver, de manière à sortir les gens de leur dépendance au gaz", recommande Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Centre "Energie" de l’Institut Jacques Delors.

En effet, les experts ne s’attendent pas à des baisses de prix avant avril 2023. Par ailleurs, "on ne retrouvera pas le niveau des prix pré-Covid, si on les retrouve un jour, avant 2027", ajoute Julie Frère, pour qui "il faut se préparer structurellement à vivre avec des prix élevés".

Sur le même sujet : JT du 16/03/2022

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