Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La bataille des subventions menace l’unité de l’Europe

Le Covid-19, la guerre en Ukraine puis le protectionnisme de Pékin et Washington ont convaincu les Vingt-Sept de multiplier les aides d’Etat, à un niveau inimaginable jusqu’alors et source de forts affrontements entre les pays.

Par  (Varsovie, correspondance),  (Berlin, correspondance),  (Malmö (Suède), correspondante régionale),  (Rome, correspondant), ,  (Bruxelles, bureau européen),  (Madrid, correspondante),  (Bruxelles, bureau européen) et

Publié le 15 juin 2023 à 05h30, modifié le 04 septembre 2023 à 11h35

Temps de Lecture 11 min.

Article réservé aux abonnés

Le Néerlandais Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, et le Français Thierry Breton, commissaire européen, à Bruxelles, le 16 mars 2023.

Cela fait longtemps que la Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) s’affrontent à coups de subventions. Souvenez-vous du conflit Boeing-Airbus devant l’Organisation mondiale du commerce au sujet des aides publiques illégales versées aux deux avionneurs, entre 2004 et 2020 ! Mais l’enchaînement de la pandémie de Covid-19, qui a mis l’économie mondiale à l’arrêt, des pénuries de médicaments ou de semi-conducteurs qui ont suivi, puis de la guerre en Ukraine, dans un monde où la double transition verte et numérique change radicalement la donne, a accentué le phénomène dans des proportions inédites. C’est aujourd’hui une véritable guerre.

Bien avant cela, dès le printemps 2015, Pékin avait franchi une étape majeure avec son plan massif d’aides Made in China 2025. Outre-Atlantique, où l’on ne s’est jamais interdit une certaine dose d’interventionnisme et de protectionnisme, le libéralisme économique et le libre-échange ont de moins en moins la cote. La Chine n’a-t-elle pas montré qu’un interventionnisme étatique en matière technologique n’était pas condamné à l’échec et à l’inefficacité ? Et les vertus de la mondialisation sont remises en question.

Le président américain, Joe Biden, depuis qu’il est à la Maison Blanche, a fait voter trois lois successives destinées à soutenir l’industrie verte, les semi-conducteurs et les infrastructures. Le seul Inflation Reduction Act (IRA), adopté en août 2022, prévoit 369 milliards de dollars (342 milliards d’euros) d’aides sur dix ans pour les entreprises qui développent les technologies participant à la transition écologique, et fait craindre aux Vingt-Sept des délocalisations d’entreprises en masse.

« En réalité, les analystes pensent que le montant d’aides pourrait être le double, car la loi ne prévoit pas de plafond », confie un haut fonctionnaire de la Commission européenne. « Les subventions prévues dans l’IRA sont associées à des clauses de contenu local, ce qui amplifie leur impact », ajoute Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors.

Sur le Vieux Continent, cette offensive de Washington a eu l’effet d’un électrochoc. Elle a achevé de convaincre les plus libéraux des Vingt-Sept qu’il fallait bouger. L’UE, imprégnée de l’ordolibéralisme allemand – qui tient l’Etat loin des affaires –, a entamé une mue inimaginable il y a encore trois ans.

Tout a commencé avec le plan de relance européen de 750 milliards d’euros conclu entre les Vingt-Sept en juillet 2020, au cœur de la pandémie. L’invasion de l’Ukraine et la fin de la manne du gaz russe bon marché les ont amenés à compléter ce dispositif en mai 2022, avec le plan RePowerEU, qui aiguille une partie de ces fonds vers la transition énergétique et les augmente à la marge. Il y a ensuite eu le Chips Act, le plan pour rattraper le retard des Européens dans l’industrie des semi-conducteurs, en avril 2023.

Il vous reste 84.55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.